Dimanche 5 mai 2024 – 6e dimanche de Pâques – Homélie du D. Patrick Bonne

« Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime »
(Jésus Christ selon saint Jean 15, 9-17)

« Demeurez dans mon amour […] Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés ». La barre peut sembler haute, très haute ! Sans parler d’atteindre la perfection avec cet appel, est-ce accessible dans notre quotidien de notre vie ? Est-ce accessible dans ma vie de famille, dans mes activités professionnelles et sociales, dans ma paroisse ?

Demeurer dans son amour c’est entendre que le Christ m’aime, qu’il pose sur moi un regard de bienveillance. Ce Dieu m’aime inconditionnellement et il m’appelle aussi à aimer à mon tour, en donnant de soi, de ma personne, de mon temps, pour son prochain. Et c’est aujourd’hui, dans notre Galilée, avec mon conjoint, mes enfants, mes collègues de travail, mes sœurs et mes frères dans l’église.

L’amour du Christ est de l’ordre d’un don pour le prochain, pour lui permettre de grandir, ce n’est pas un amour qui détruit et qui tue l’autre, mais un amour qui permet de s’accomplir comme le proclame le poète « tu dis que tu aimes les fleurs et tu les coupes, tu dis que tu aimes la mer, mais tu l’infectes et tu la souilles ; tu dis que tu aimes ton chien, mais tu l’abandonnes au bord de la route : quand tu me dis je t’aime, j’ai peur ».

« Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés », c’est considérer l’amour du Christ comme la mesure de référence, mais aussi comme la source de mon propre amour lorsque je n’arrive pas à aimer mon prochain, je suis invité à me ressourcer dans l’amour du Christ afin qu’il vienne alimenter mon propre amour. On dit qu’un enfant ne peut s’épanouir sans l’amour de ses parents : il en est de même pour nous : la foi ne peut se développer si elle n’est pas enracinée dans l’amour inconditionnel du Christ.

Cet amour est porteur de joie pour nous tous : une joie profonde qui est le fruit de l’Esprit saint, d’un accueil profond que je fais à la parole du Christ, qui repose sur un sentiment de plénitude, la capacité à savourer le temps présent et à remercier le Christ d’être là. Cette joie ne nie pas la réalité, n’oublie pas les épreuves, mais au sein de ces épreuves, j’ai confiance au Christ qui est présent. Certains malades racontent leur expérience spirituelle après l’épreuve d’un cancer : la découverte de ses petits moments de joie dans l’épreuve, de petites lumières qui s’allument dans leur entourage, qui leur ont permis de traverser cette épreuve et de renaitre à la vie ; une nouvelle naissance comme le disait Jésus à Nicodème. Ils ont reconnu le Christ qui les soutenait durant cette épreuve et leur faisait découvrir d’autres chemins insoupçonnés de Vie (Dietrich Bonhoeffer).

Cette vie en abondance c’est Dieu qui nous aime et qui a envoyé son fils par amour non pas par son propre intérêt : il a envoyé son fils pour nous faire connaître son amour pour son peuple et que nous puissions vivre pleinement en enfant de dieu. Cette grâce que nous partageons tous, nous qui sommes des frères et sœurs dans le Christ, c’est respecter celles et ceux qui sont proches, c’est voir le meilleur d’eux même. Dans cet amour, nous sommes conviés à nous respecter les uns et les autres et à reconnaitre en chaque humain la part divine qui vit en lui. C’est vouloir du bien alors que parfois nous avons été blessés.
A la fin de notre vie terrestre nous serons jugés sur l’amour comme le souligne saint Jean de la Croix. Au fond, quel est notre désir le plus profond : être aimé et aimé. Nous avons reçu la vie pour aimer à l’exemple de Jésus.

Faisons comme lui ! Une joie profonde nous envahira.

AMEN.