Dimanche 9 juin 2024 – 10e dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du P. Claude Charvet sj

« C’en est fini de Satan »
(Jésus Christ selon saint Marc 3, 20-35)

« Où es-tu donc ? » C’est la première question que Dieu pose à Adam et Eve après qu’ils aient croqué du fruit défendu de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Ils se retrouvent nus l’un devant l’autre, ils se cachent devant Dieu comme s’ils avaient commis le péché originel : le fruit défendu a bien été mangé, l’irréparable a eu lieu ; il s’agit pour nous de reconnaitre notre fragilité devant la séduction du mal et des tromperies du serpent ; il s’agit pour nous d’apprendre à vivre avec l’irréparé. Le texte d’évangile ne simplifie pas la situation car Jésus prononce aussi une parole très dure : « Si quelqu’un blasphème contre l’Esprit-Saint, il n’y aura jamais de pardon, il est coupable d’un péché pour toujours » Nous sommes invités à prendre un chemin difficile pour avancer, en priant l’Esprit Saint de nous aider à comprendre.

D’abord le jugement des scribes sur Jésus « Il est possédé par Béelzéboul ! » est pris en sandwich par la venue des gens de la ville d’origine de Jésus, Nazareth, qui ont honte de ses succès auprès des foules et veulent le faire revenir dans leur village pour le remettre dans le droit chemin car ils pensent que Jésus « a perdu la tête »… L’autre bout du sandwich est très pressant à la fin du texte « Voici que ta mère et tes frères sont là dehors. Ils te cherchent » Jésus ne sort pas auprès de sa mère, il reste à l’intérieur de la maison où les gens qui l’entourent écoutent sa parole, font « la volonté de Dieu, deviennent pour Jésus un frère, une sœur, une mère. » Et bien sûr, Marie sa mère, même si elle n’est pas dans la maison, fait partie des personnes qui font la volonté de Dieu, puisqu’elle a cru et expérimenté que l’Esprit Saint était en elle, elle a bien attendu Jésus pendant 9 mois, donné naissance à son enfant, vu grandir jusqu’à 30 ans, laissé partir pour baptiser dans l’Esprit Saint ceux qui croiraient en lui. Jésus est bien du même sang que Marie, mais il nous propose de devenir comme lui enfant de Dieu, son frère, sa sœur, sa mère, en recevant le baptême dans l’Esprit Saint.

Les scribes qui descendent de Jérusalem pour rencontrer Jésus sur les bords du Lac de Galilée ont un jugement terrible sur l’origine de l’action de Jésus : « C’est par le chef des démons que Jésus expulse les démons. » Jésus pointe leur contradiction par deux petites paraboles pleines de sagesse. Si Satan chasse les démons dont il est le prince, il se détruit lui-même, c’est une évidence pour toute conscience droite. Si c’est le cas, il n’y a plus de démons. Mais si Jésus les chasse, c’est que Jésus est entré dans la maison de Satan, il est l’homme fort qui ligote Satan même s’il s’appelle Légion et vit dans les cimetières et les morts. Jésus est plus fort que Satan, il vient de Dieu et nous délivre du Mal, il agit selon l’Esprit Saint. Jean-Baptiste l’avait bien annoncé comme l’homme fort qui baptiserait dans l’Esprit Saint. Or la seconde parabole montre que je peux m’enfermer moi-même dans une fausse conscience : si je vois que Jésus fait du bien en chassant les démons et que je dis que c’est Satan qui en est l’origine, je m’obstine dans une position mortelle. Je me ferme sur moi-même, je m’exclus du pardon ; Dieu lui-même ne peut plus pardonner parce c’est moi qui me ferme à son pardon. Dieu peut tout pardonner, mais c’est moi qui suis divisé et refuse son pardon.

Alors, la question de Dieu à Adam et Eve peut revenir « Où es-tu donc ? ». Je peux répondre en vérité car je suis vulnérable et fragile, je me laisse séduire par les tromperies de Satan en cherchant des coupables, ou en me cachant derrière des mensonges. Jésus, parce qu’il m’aime comme un frère, une sœur, une mère, vient bien me pardonner de mes péchés, de mes blasphèmes, des contradictions. Il me dit encore aujourd’hui comme à la femme adultère : « Moi je ne te condamne pas. Va en paix ! » Vis comme mon frère, ma sœur, ma mère !

Note par Raymonde – La photo d’en-tête est un cliché fait hier lors la messe anticipée du dimanche durant laquelle nous avons eu la joie de vivre dans notre église trois baptêmes, six premières communions et vingt-six professions de foi des jeunes des paroisses de Saint-Denis. Tout ça en une seule journée. Bon dimanche !