31e dimanche du Temps Ordinaire, année A – Homélie du P. Claude Charvet sj

Jésus s’adresse aux foules et aux disciples, donc à nous et il nous propose trois pas importants :

1. Ecoutez les enseignements et observez les : C’est le chant que tous les matins on chante : Shema Isarael, Adonai Elohénou, Adonai Erad. « Ecoute Israël, le Seigneur Dieu est le Seigneur. Aime-le de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton Esprit. Aime ton prochain comme toi-même. » C’était déjà ce que Jésus enseignait la semaine dernière : le plus grand commandement et le second qui lui est semblable. Il arrivait même à le résumer pour n’en faire plus qu’un : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimé. » Toute la loi et les prophètes sont accomplis si nous mettons en pratique ces paroles. Demander la force de l’Esprit de Jésus pour accomplir ces paroles dans des actes envers Dieu et les autres, voilà ce qui nous permet d’être appelé comme Jésus, des fils et des filles de Dieu. Voila ce qui donne une dynamique et une cohérence à nos vies ; cela donne du sens et de la joie à notre quotidien.

2. « Ils disent et ne font pas » Voilà l’incohérence, l’écart entre le discours et les actes, la manière de construire sa maison sur le sable et non sur le roc. Et Jésus donne trois pièges qui nous mettent dans l’incohérence :

  • Le fardeau est trop lourd à porter : 613 commandements à mettre en œuvre comme des perfectionnistes angoissés qui veulent être parfaits et vivre à la force des poignets chaque instant de leur vie…Le perfectionnisme, c’est fatigant, épuisant, mortel !
  • La mondanité : « Ils agissent pour être remarqués des gens » : la dernière mode, le dernier achat, les premières places partout dans les grands repas, dans les églises et les manifestations publiques : l’important c’est qu’on en parle, le buzz, les réseaux sociaux, tik-tok et compagnie… La mondanité, c’est fatigant, épuisant, mortel !
  • La course aux titres : Professeur ! Docteur ! Président ! Monseigneur ! On pourrait dire aussi : La voix d’or ! le ballon d’or ! La médaille d’or ! Un engouement tellement prenant que l’on peut se prendre la tête, devenir paranoïaque, écarter les obstacles pour conquérir le monde entier, quitte à perdre son âme. La course aux titres, c’est fatigant, épuisant, mortel ! Le Pape François le répète sans fin.
  • « Le plus grand parmi vous sera votre serviteur » Jésus nous propose alors un autre chemin en nous appelant à sa suite. Regardons-le sortir des eaux du Jourdain lors de son baptême. Le Père fait entendre sa voix : « Tu es mon Fils bien-aimé, en toi je trouve ma joie ». Jésus n’aura de cesse de faire la volonté de son Père, d’enseigner l’œuvre de son Père qui veut sauver chaque homme, de nous apprendre à prier « Notre Père qui es aux cieux ». Jésus choisit des disciples qui vont le voir guérir les malades, chasser les démons, nourrir des foules, calmer la tempête, devenir un Maître qu’ils vont reconnaitre comme Christ, l’Envoyé du Père. La veille de son arrestation, Jésus désire d’un grand désir partager la Pâque avec ses disciples. C’est au cours de ce dernier repas qu’il se lève, revêt les habits du serviteur et lave les pieds de ses disciples. Pierre n’est vraiment pas à l’aise de voir son Maître faire les gestes du serviteur ; il laisse exploser son refus : « Tu ne me laveras les pieds : non jamais !»  Jésus lui répond : « Si je ne te lave pas, tu n’auras pas de part avec moi. » En reprenant son vêtement et en se remettant à table Jésus leur dit « Comprenez-vous ce que je viens de faire ? Vous m’appelez ‘Maitre’ et ‘Seigneur’ et vous avez raison car vraiment je le suis. Si donc moi le Maître et le Seigneur je vous ai lavé les pieds, vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez vous aussi ce que j’ai fait pour vous. Sachant cela, heureux êtes-vous si vous le faites !»

Servir comme un geste d’amour, voilà ce que le Maître vient vivre avec nous. Aimer servir. En tout, aimer et servir. « En todo, amar y servir » chantait déjà Ignace. On le chante ?