26e dimanche du Temps Ordinaire, année A – Homélie du P. Claude Charvet sj

« Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel » : tous les jours nous disons cette parole du Notre Père comme une façon de nous disposer à honorer celui qui a fait de nous son enfant bien-aimé depuis notre naissance, depuis notre baptême, et qui nous invite à travailler à sa vigne, à participer à la construction de la maison commune, quel que soit notre âge, la couleur de nos cheveux ou de notre peau. Comme à la fin du sermon sur la montagne, Jésus désire que nous fassions la volonté de Dieu en écoutant sa Parole et en la mettant en pratique afin de construire notre maison commune sur le roc et non pas sur le sable… La démarche qui nous est proposée aujourd’hui est très pratique et prend en compte nos contradictions, nos incohérences, le chemin intérieur qui nous est proposé pour sortir de nos impasses.

Au niveau de l’histoire, les deux enfants mis en scène représentent deux attitudes religieuses que Jésus a côtoyées pendant son parcours terrestre et que nous côtoyons encore aujourd’hui : les « justes » et les « pécheurs », ceux qui s’appuient sur la Loi, ses préceptes et les appliquent à la lettre d’une part, ceux qui n’arrivent pas à suivre la loi et tombent dans la catégorie des publicains et des prostituées, d’autre part. On a vite fait des jugements définitifs et des exclusions quand notre rapport à la Loi est mal placé, limité au permis et au défendu, pas assez intériorisé pour arriver au pardon.

  1. Le rôle de Jean-Baptiste est double : « Tout arbre qui ne produit pas de bons fruits va être coupé et jeté au feu. » C’est urgent, osez changer quelque chose de votre vie en vous ouvrant à la proposition : « mon enfant, viens travailler aujourd’hui à ma vigne. » D’autre part, Jean-Baptiste annonce que « Jésus va baptiser dans l’Esprit Saint et le feu », c’est un baptême de filiation : le Père se prononce : « Tu es mon Fils bien-aimé. En toi je trouve ma joie. »
  2. Comme fils bien-aimé, Jésus a eu du mal à faire la volonté de son Père et à travailler chaque jour à sa vigne. Ce fut un combat pour lui : à Nazareth, car ses compatriotes ne voyaient en lui que le fils de Marie et de Joseph ; à l’étranger où il voulait se reposer incognito, quand la Cananéenne l’appelle Fils de David et lui demande de guérir sa fille : vient-il d’abord pour les juifs ou pour les païens qui mettent en lui leur foi ? A Gethsémani, dans le jardin où il emmène ses disciples pour prier et veiller avec lui : « Mon Père, s’il est possible, que cette coupe passe loin de moi ! Cependant, non pas comme moi je veux, mais, comme toi, tu veux » Lui, l’unique fils bien-aimé, est tenté de répondre comme le fils aîné : « Je ne veux pas ! ». Mais, en faisant une confiance douloureuse mais totale en son Père, il s’en remet à lui et fait sa volonté.

Voilà ce qui nous est proposé aujourd’hui par l’évangile : avoir la joie d’être appelé aujourd’hui à travailler à la vigne. Croire que nous pouvons encore changer quelque chose dans notre vie, même si au départ je peux dire non. Regarder Jésus dans sa filiation pour faire un pas de plus dans la main de son Père et arriver à vivre un « oui » libérateur. Un « oui » comme une réponse d’amour. « En toi, je trouve ma joie » répond le Père.

Amen