Samedi 15 juin 2024 – messe anticipée du 11e dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du P. Claude Charvet sj

« C’est la plus petite de toutes les semences,
mais quand elle grandit,
elle dépasse toutes les plantes potagères »

(Jésus Christ selon saint Marc 4, 26-34)

1 . Avec les textes de ce dimanche, surtout Ezéchiel et l’évangile de Marc, nous sommes un dimanche vert, écologique ou Laudato si… : le cèdre du Liban sur les montagnes, la jeune pousse qui va porter du fruit, les oiseaux qui viennent faire leur nid…Mais peut-être faut-il bien dépasser ces images écolos pour entendre et apprendre ce que le Seigneur veut nous dire : c’est bien lui le Créateur de toute la nature ; « tous les arbres des champs sauront que je suis le Seigneur : je renverse l’arbre élevé et relève l’arbre renversé, je fais sécher l’arbre vert et reverdir l’arbre sec. Je suis le Seigneur, j’ai parlé et je le ferai ». La nature nous apprend qui est le Créateur, les arbres nous apprennent à louer le Seigneur : « Louez le Seigneur les montagnes et collines, les arbres des vergers et tous les cèdres, les bêtes sauvages et tous les troupeaux, le reptile et l’oiseau qui vole » (Psaume 148) Il importe pour nous d’apprendre sans cesse la louange avec le fin silence du vent dans les arbres ; mais aussi d’expérimenter, dans les temps de crise, d’exil ou de guerre que le Seigneur ne nous abandonne pas, qu’il renouvelle son alliance avec nous, qu’il nous sauve de la mort : « Il est vraiment le Seigneur ! »

2. La parabole de ‘la graine qui pousse toute seule’ veut apprendre à tenir deux éléments très différents :d’une part le temps des semailles et le temps des moissons qui peuvent être des actions très ponctuelles de l’agriculteur (jeter la semence en terre, mettre la faucille) même si les surfaces à ensemencer ou à moissonner sont importantes ; d’autre part le temps de la croissance avec la terre qui produit d’abord l’herbe, puis l’épi, plein de blé dans l’épi jusqu’à la maturité des grains, ce temps ne dépend pas du travail de l’homme mais de la confiance que nous faisons à la terre qui produit d’elle-même cette croissance. Le difficile pour nous c’est le mot au centre de la parabole « il ne sait comment » Pour l’agriculteur, comme pour tout croyant, il s’agit de faire confiance au travail d’un Autre, Ezéchiel dirait au travail du Seigneur : « Je suis le Seigneur et je le ferai » Il s’agit de reconnaître le travail de Dieu dans la croissance de la graine, dans l’abondance des fruits dans les épis, dans le murissement des blés qui deviennent prêts pour la moisson. Il s’agit de laisser tomber nos angoisses nocturnes ou diurnes pour laisser Dieu faire son œuvre de croissance et de surabondance. C’est notre travail d’homme et de femme que de reconnaître dans la croissance la manière de Dieu de donner la vie : « Il est vraiment le Seigneur ! »

3. La parabole de la graine de moutarde veut nous dire encore autre chose sur le règne de Dieu, la manière d’agir de Dieu. La graine de moutarde est la plus petite des plantes potagères mais elle va devenir la plus grande en étendant ses longues branches au-dessus de toutes. La graine de moutarde va servir alors à accueillir sous son ombre les nids d’oiseaux et leurs couvées. Autrement dit la graine de moutarde, (c’est nous !) va faire l’expérience que sa taille initiale n’est pas un empêchement pour porter du fruit, mais qu’elle peut devenir un lieu de repos et de fécondité, un lieu d’abri dans les moments difficiles de la vie, un lieu d’hospitalité et de réconfort. C’est vrai, en ouvrant notre église tous les jours, sauf le lundi, nous faisons l’expérience que bien du monde passe, entre, prie, pose une lumière, dépose son fardeau, rencontre un frère ou une sœur, peut recevoir le pardon et la paix en toute sécurité…

« Jésus leur annonçait la Parole, dans la mesure où ils étaient capables de l’entendre. » À chacun de nous d’entendre cette Parole.

Amen