« Il faut que le Fils de l’homme soit élevé »
Jésus Christ selon saint Jean 3, 13-17
40 jours après la fête de la Transfiguration de Jésus (le 6 août), la liturgie nous invite à contempler à nouveau la croix sous son angle glorieux, lumineux. À la Basilique, le vitrail de Moïse fait contempler le peuple dans le désert qui meurt de faim, de soif, des piqures de serpents et qui peut retrouver la santé et la vie en levant les yeux vers le serpent d’airain, la croix du Christ qui redonne la vie. C’est mystérieux que la vie surgisse à nouveau, là où la mort avait pris naissance… mais entrons dans ce mystère.
L’Hymne des Philippiens
La verticalité qui dit la manière de Dieu de donner la vie : Jésus, Fils de Dieu, prend la décision avec son Père et l’Esprit Saint, de descendre du ciel pour demeurer sur la terre : il habite complètement notre humanité, s’abaisse encore plus bas en se laissant condamner injustement à la mort sur la croix. La violence de l’homme sait inventer des mises à mort publiques qui signent l’échec définitif de son lien avec Dieu. Mais la façon qu’a Jésus de rester en lien avec son Père pendant sa Passion, invite à croire ses dernières paroles : « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font ». « Père, en tes mains je remets mon esprit. » Le lien n’est pas rompu avec son Père, la filiation tient bon. « C’est pourquoi Dieu l’a exalté : il l’a doté du Nom qui est au-dessus de tout nom : « Jésus Christ est Seigneur » à la gloire de Dieu le Père. Tout vient de Dieu et tout remonte à Dieu dans une lumière éternelle : Jésus sur le bois de la croix peut être contemplé comme celui que son Père accueille en Fils livré à la violence des hommes, abandonné par ses amis, accompagné du bon larron à qui il promet : « Aujourd’hui avec moi tu seras dans le Paradis ». Comme le Père prodigue en amour de la parabole de Luc, nous pouvons l’entendre nous dire pour Jésus : « Vite, apportez le plus beau vêtement pour l’habiller, mettez-lui une bague au doigt et des sandales aux pieds, allez cherchez le veau gras, tuez-le, mangeons et festoyons car mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie, il était perdu et il est retrouvé ». Voilà bien une façon de contempler la croix glorieuse à la lumière de la parabole d’un père qui accueille son fils revenant du pays de la mort.
Passer par Nicodème
C’est un homme qui connaît bien les Écritures, qui vient rencontrer Jésus de nuit pour ne pas se faire remarquer par ses collègues notables de Sanhédrin, la plus haute instance religieuse juive… En parlant avec Jésus, Nicodème réalise, avec prudence et en hésitant que pour voir le Royaume de Dieu, il est nécessaire de naître de l’Esprit-Saint. Jésus lui fait reprendre l‘expérience du peuple juif qui se révolte contre Moïse et contre Dieu dans le désert parce qu’il meurt de soif, de faim, de la morsure des serpents. Le serpent de bronze que brandit Moïse au sommet du bâton qui les a fait traverser la mer rouge à pied sec, permet de lever les yeux vers Dieu qui sauve à nouveau dans le désert mortel. Jésus invite Nicodème à lever les yeux vers le Christ en croix et à croire que c’est le lieu d’où jaillit la vie. « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. » Le signe de la croix n’est pas à interpréter comme un jugement mortel qui condamne l’homme, mais comme un signe de Dieu qui donne la vie, qui accueille la vie de son fils, qui plante le grain de blé en terre pour qu’il donne du fruit en abondance, 30, 60, 100 pour un seul grain planté. Même en 2025, nous sommes témoins que l’amour de Dieu sait donner de la vie là où l’homme sait tellement donner la mort.
