3e dimanche de l’Avent – Homélie du P. Claude Charvet sj

« Au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas » (Jean 1, 6-8.19-28)

« Qui es-tu ? Que dis-tu sur toi-même ? » C’est une question que l’on nous pose quand on commence un nouveau groupe au travail, à la paroisse, dans une association. C’est la question qui est posée à Jean Baptiste par des prêtres et des lévites qui enquêtent sur ce qu’il fait à Béthanie de l’autre côté du Jourdain où il attire tant de monde…

  1. Jean-Baptiste se définit d’abord négativement, comme s’il avait à se défendre des images, des opinions qu’on a déjà sur lui…comme si ses interlocuteurs étaient déjà allés sur internet pour trouver ce qu’on dit déjà de lui… « Je ne suis pas le Messie. Je ne suis pas Elie. Je ne suis pas le prophète annoncé ». Il y avait une vraie attente d’un Sauveur dans le peuple, un profond désir de trouver quelqu’un qui fasse revenir les croyants vers un Dieu qui prend soin d’eux, quelqu’un qui vient de la part de Dieu pour nous aider à trouver un sens à nos vies… Jean-Baptiste est habile en répondant négativement car il permet d’enlever des fausses images qu’on lui colle sur le dos… et ouvre ses interlocuteurs très insistants à une autre dimension, plus profonde, plus vraie.
    .
  2. « Je suis la voix qui crie dans le désert : redressez le chemin du Seigneur, comme a dit le prophète Isaïe » La voix ! Ce n’est pas le concours du meilleur chanteur que des chaines de télé aiment tant organiser. Il s’agit de nous mettre à « écouter la voix » : c’est le début de toute prière juive » Shema Israel Adonai elohenou, Adonai erhad » « Ecoute Israël, le Seigneur est notre Dieu, Tu l’adoreras de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit » C’est comme si tout le premier testament ne pouvait s’accomplir que dans une écoute de plus en plus fine, comme Elie à sur la montagne de l’Horeb où le Seigneur doit passer : « après l’ouragan, le tremblement de terre, et le feu, le Seigneur se manifesta dans le murmure d’une brise légère. Aussitôt qu’il l’entendit Elie se couvrit le visage avec son manteau. » (1 R 19, 12). Certains traduisent aussi « une voix de fin silence » C’est la même voix que Jésus entend après son baptême avec Jean : ‘Tu es mon fils bien aimé. En toi je trouve ma joie » ou à la Transfiguration avec Pierre, Jacques et Jean « Celui-ci est mon fils bien-aimé : écoutez-le » Alors, quand Jean-Baptiste définit son identité : « Je suis la voix qui crie dans le désert : Redressez le chemin du Seigneur » il s’agit pour nous de retrouver le chemin de l’écoute de cette voix qui crie, ou cette voix de fin silence au cœur du bruit de notre monde. J’aime bien le silence à la fin d’un concert, juste avant les applaudissements : comme si la dernière note entrait dans notre corps et y trouvait de nouvelles harmoniques de communion. J’aime bien les personnes qui passent à L’Estrée à la fin de leur journée de travail et qui viennent dans le silence prier, entendre « le murmure d’une brise légère », comme un moment de grande communion avec « mon Père et votre Père, avec mon Dieu et votre Dieu » (Jn 20, 17)
    .
  3. « Au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas » Voilà le troisième message de Jean-Baptiste. Le Messie est bien parmi nous, son Royaume est au milieu de nous. Jésus se laisse découvrir si nous l’attendons vraiment, comme Jean Baptiste a su attirer les foules pour leur apprendre à entendre « la voix ». Jésus se laisse découvrir « comme la terre qui fait éclore son germe, et le jardin germer ses semences, le Seigneur fait germer la justice et la louange devant toute les nations » indiquait Isaïe. Jésus se laisse découvrir quand nous « rendons grâce en toute circonstance » (au lieu de râler comme un bon français). Jésus se laisse découvrir « quand nous discernons la valeur de toute chose : ce qui est bien, gardez-le ; éloignez-vous de toute espèce de mal » C’est ce que nous demande Saint Paul. Jésus se laisse se laisse découvrir quand nous entendons la voix qui nous dit « j’ai eu faim et vous m’avez donné à manger, j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire. J’étais un étranger et vous m’avez accueilli … Venez les bénis de mon Père » Tout le tympan de la basilique-cathédrale.

.

Seigneur Jésus, merci de nous inviter aujourd’hui encore, en préparant Noël, à être toujours dans la joie. Donne-nous ton Esprit pour écouter cette voix de fin silence où tu parles à notre cœur. Donne-nous cette curiosité pour te découvrir, puisque tu es déjà au milieu de nous et que nous avons le goût de te connaître.