1er dimanche de l’Avent – Homélie du P. Claude Charvet sj

« Veillez, car vous ne savez pas quand vient le maître de la maison » (Mc 13, 33-37)

Veillez ! C’est le dernier mot de l’évangile de ce jour. C’est un mot que les mères de famille avec qui nous lisions ce texte mercredi soir connaissaient bien car elles ne peuvent dormir tant que leur enfant n’est pas rentré à la maison. Mais il faut aller plus loin qu’une nécessaire veille d’une mère inquiète. La première lecture d’Isaïe nous permet de fonder davantage le sens de notre responsabilité de portier qui veille sur la maison.

  1. « Maintenant, Seigneur, c’est toi notre père. Nous sommes l’argile, c’est toi qui nous façonnes : nous sommes tous l’ouvrage de ta main. » On est bien là dans le second récit de la création au chapitre 2 de la Genèse. Dieu, comme un potier, nous façonne de ses mains, met en nous son souffle pour que nous soyons des êtres vivants. Il nous présente tout ce qu’il fabrique pour que nous lui donnions un nom. Il vient nous rencontrer avec joie quand nous pratiquons la justice et marchons sur ses chemins. Voilà bien notre identité de créature, sortant des mains de notre créateur que nous pouvons appeler Père. Voilà notre véritable origine. C’est ensuite que nous nous sommes égarés en nous croyant à l’origine de toute la création, en n’invoquant plus notre Créateur dans la prière, en ne prenant appui que sur nos propres forces, sans Dieu. Et nous nous sommes desséchés comme des feuilles mortes que le vent emporte. Alors, en ce premier dimanche de l’Avent, nous reprenons les mots d’Isaïe : nous errons hors de tes chemins, notre cœur s’est endurci devant la misère et l’injustice. Déchire les cieux, descends vers nous. Souviens-toi que nous sommes les enfants d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, que tu nous as pétri de tes mains comme le potier. Avec Moïse, nous avons expérimenté que tu nous faisais passer de l’esclavage de l’Egypte à la liberté des enfants de Dieu, que tu nous constituais en peuple avec qui tu faisais une alliance éternelle. Oui aujourd’hui nous le reconnaissons : « C’est toi, Seigneur, notre père ; notre rédempteur depuis toujours, tel est ton nom » Envoie-nous ton Sauveur, Jésus qui veut dire « Dieu sauve »
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  2. Avec la parabole de l’homme qui part en voyage, qui confie à ses serviteurs son pouvoir, en fixant à chacun son travail, Jésus veut nous faire comprendre qu’il nous fait vraiment confiance et que nous pouvons être à la hauteur de nos responsabilités. Il nous avertit par les quatre notations horaires qui sont les quatre temps de la Passion pour être vigilants : le temps du soir de la Cène où il nous lave les pieds et nous donne son corps et son sang en nourriture. A minuit à Gethsémani où il s’agit de prier avec lui pour ne pas entrer en tentation, Au chant du coq où Pierre renie son Maître et pleure amèrement. Au matin, au lever du jour, où Judas vient le faire arrêter.
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  3. Nous pouvons vivre dans une qualité d’attention à lui, à sa Parole, à sa Passion et sa résurrection. Chacun de nous reçoit la responsabilité de son travail, mais aussi chacun de nous est invité à être le portier de son propre cœur. « Veillez ! ».
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Amen