« Qu’ils deviennent parfaitement un »
Jésus Christ selon saint Jean (17, 20-26)
La mort d’Étienne montre une unité de violence strictement à l’inverse de celle demandée par Jésus à son Père : « Qu’ils deviennent ainsi parfaitement un, afin que le monde sache que tu m’as envoyé. » Est-ce que la force de l’Esprit Saint que Jésus veut nous envoyer à la Pentecôte peut battre en brèche tous les ingrédients de la violence des hommes ?
Étienne, diacre choisi pour distribuer l’argent destiné aux veuves, est arrêté, mis en procès comme Jésus devant le Conseil suprême, confronté à des accusateurs soudoyés par les gens de la synagogue. Il sait qu’il devient le bouc émissaire de la violence des hommes. Pour vivre ce moment compliqué, il cherche comment Dieu est présent à l’évènement qu’il vit : rempli d’Esprit Saint, il fixait le ciel du regard : il vit la gloire de Dieu et Jésus debout à la droite de Dieu. Il comprend que Dieu ne l’a pas abandonné, qu’il ne l’a pas laissé seul face à la colère de ceux qui en veulent à sa vie. Cette assurance décuple la fureur de ses accusateurs qui veulent le faire disparaître. Tous contre un seul, la foule augmente, les badauds viennent assister au spectacle, le groupe se renforce à chaque pierre jetée sur la victime. Unité de la violence sur ce bouc émissaire. La lapidation construit une unité en cherchant à faire disparaître le coupable : la violence avait déjà conduit Caïn à tuer son frère. Jésus avait eu aussi un procès injuste manipulé par le même Conseil suprême et Pilate n’avait pas réussi à le sauver de la mort. Étienne prend deux des 7 paroles du Christ en croix en s’adressant directement à lui : « Seigneur Jésus, reçois mon esprit » et surtout « Seigneur, ne leur compte pas ce péché ». Le serviteur n’est pas plus grand que son maître. Il est reçu comme un ami à la table du Père.
Dans l’évangile de Jean, Jésus conclut son dernier discours à ses disciples, son testament spirituel, en s’adressant directement à son Père. Les hommes auprès desquels il a été envoyé sont au cœur de sa prière. Il rassemble en quelques phrases ce qu’il a déjà accompli :
Par sa vie, il nous a fait connaître qui est vraiment Dieu : « Je leur ai fait connaître ton nom. » si proche de : « Que ton nom soit sanctifié ».
Par sa vie, il a fait entrer l’humanité dans la vie même de Dieu : « Je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée. ».
Par sa vie, il a révélé l’amour infini du Père pour nous : « Afin que le monde sache que tu les as aimés ».
Par sa mort enfin, Jésus, qui est un avec Dieu et qui est Dieu, va révéler la vérité de cet amour : je ferai connaître ton nom, dit-il à son Père « pour que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et que moi aussi, je sois en eux ».
Ainsi, en quelques mots denses et concis, Jésus livre son désir ultime. S’il est venu parmi les hommes et s’il accepte de marcher vers la mort, c’est pour que, par lui et en lui, l’homme et Dieu ne soient plus jamais séparés, soient définitivement unis. Saint Paul, dans l’épître aux Romains le traduit ainsi : « J’en ai la certitude : ni la mort ni la vie, ni les anges ni les Principautés célestes, ni le présent ni l’avenir, ni les puissances, ni les hauteurs, ni les abîmes, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour que Dieu de l’amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus notre Seigneur » (Rm 8, 37-38). L’ultime désir de Jésus est encore que l’unité soit aussi celle des hommes entre eux : « Qu’ils deviennent parfaitement un, pour que le monde croie que tu m’as envoyé. » Le monde gémit dans la violence et a tellement besoin de ce message d’espérance que la Pentecôte accomplit pleinement.
Seigneur Jésus, Fils bien-aimé du Père, apprends-moi à aimer mes frères et sœurs comme tu m’as aimé. Amen.