Dimanche 22 juin 2025 – Le Saint Sacrement du corps et du sang du Christ – Homélie du P. Claude Charvet sj

« Ils mangèrent et ils furent tous rassasiés »
Évangile selon saint Luc 9, 11b-17

Au début du chapitre 9, Jésus envoie les Douze dans les villages en leur donnant de proclamer le Royaume de Dieu et en guérissant les malades. Ils doivent voyager léger : « ne prenez rien pour la route, ni bâton, ni sac, ni pain, ni argent… » Ils partent en mission et çà marche. Ils reviennent et racontent à Jésus tout ce qu’ils avaient fait. Jésus se retire avec eux à côté de Bethsaïde, la ville d’André et de Philippe, mais les foules enthousiastes suivent Jésus et les Douze. Jésus prend le relai : il parle aux foules du règne de Dieu et guérit tous ceux qui en ont besoin, comme les Douze venaient de le faire de village en village. 5000 hommes sont là à écouter Jésus, à se faire guérir. Les Douze, se sentant responsables aussi de ce qui se passe, s’inquiètent du logement et la nourriture pour une telle foule au milieu de l’endroit désert. Jésus les prend au mot et accroit leur responsabilité : « Donnez-leur vous-mêmes à manger. » Mission impossible : « Nous n’avons pas plus de cinq pains et deux poissons. Comment acheter de la nourriture alors que tu nous as envoyés sans pain ni argent ? »

C’est alors que Luc nous oblige à prendre du recul et à changer de regard. L’endroit désert rappelle la marche du peuple au désert à la sortie d’Égypte au temps de Moïse. Dieu a libéré son peuple de l’esclavage et a donné les dix commandements de l’alliance, comme les disciples et Jésus guérissent les hommes qu’ils rencontrent et disent que Dieu fait alliance avec eux. Dieu a nourri son peuple avec la manne et les cailles et chacun pouvait vivre selon ses besoins en se regroupant par 100 ou 50 et en s’organisant entre eux Dieu pourvoyait à tous leurs besoins. Jésus, comme un nouveau Moïse, prend appui sur les Douze, pour organiser les 5000 hommes en les faisant asseoir par groupes de 50. Jésus reprend le rituel des repas juifs en levant les yeux au ciel pour dire que le pain, comme la manne, vient bien de Dieu ; il rompt le pain, le donne aux disciples qui le distribuent dans les groupes de 50. Ils mangent et sont tous rassasiés ; il y a même des surplus que l’on ramasse soigneusement : 12 paniers comme les douze disciples…

En cette fête du Saint sacrement du Corps et du Sang du Christ, que veulent nous dire tous ces textes ? À la messe, aujourd’hui, chacun vient manger à sa faim, et tous sont rassasiés. Le pain que donne Jésus et qui est Jésus, n’est pas une nourriture comme les autres que l’on achète à Lidl ou à Carrefour. Il est le pain qui comble, apaise, calme, réjouit, restaure le corps et le cœur. Sous l’espèce du pain, béni, rompu, partagé, ce Saint-Sacrement rend visible ce qui est invisible : la Parole de Jésus ‘ prenez et mangez, ceci est mon Corps livré pour vous ‘, cette Parole est une vraie nourriture pour l’humanité. Son Corps se donne à manger pour que chacun aie la vie, la rompe et la partage avec ses proches ; sa présence nous invite quotidiennement à venir le rencontrer, l’adorer, le prier parce qu’il nous donne d’être vivants, parce qu’il porte avec nous les fardeaux que nous déposons devant lui ; Jésus a vu le jour dans une mangeoire. Aujourd’hui, il nous donne encore à manger pour que nous grandissions, portions du fruit, moissonnions les gerbes, transformions les grains en farine et en pain à partager… Aujourd’hui, recevoir le Corps du Christ dans la main, dire Amen, c’est grandir dans la foi, servir en aimant comme Jésus. Amen ! Alléluia !

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