Samedi 18 mai 2024, messe anticipée du dimanche – Pentecôte – Homélie du P. Claude Charvet sj

« L’Esprit de vérité vous conduira dans la vérité tout entière »
(Jésus Christ selon saint Jean 15, 26-27 ; 16, 12-15)

Comme au Sinaï quand Dieu remet à Moïse les deux tables de la loi, les 10 commandements, 50 jours après Pâques, le jour de Pentecôte, le groupe des disciples est rassemblé au Cénacle. Il y a
◉ du son comme une corne de brume pour les bretons, un shophar pour les juifs comme les enceintes dans les concerts métalliques
◉ du souffle comme un grand vent avant une tempête ou un cyclone
◉ du feu, comme un buisson ardent qui vient se poser sur chaque disciple.

C’est une façon de dire qu’un évènement nouveau apparaît, qui transforme chacun : tous sont remplis d’Esprit Saint et se mettent à parler sans crainte, à exprimer le meilleur d’eux-mêmes comme l’Esprit conduit à le faire. C’est une première fois, une naissance, un souffle puissant qui part des entrailles, un feu qui veut tout embraser.

À Jérusalem, la fête de Pentecôte est très populaire et des gens de tous les pays du monde connu à l’époque, montent en pèlerinage. Parce qu’ils entendent un son nouveau, parce qu’ils voient des hommes et des femmes habités par une force nouvelle, tous se rassemblent et font l’expérience d’un ravissement parce qu’ils voient que tout est bon, ils vivent un émerveillement intérieur parce qu’ils se sentent compris jusqu’au bout d’eux-mêmes, ils expriment une consolation intense parce que tout devient lumineux : le premier mot de Dieu pour l’univers et pour chacun c’est : c’est bien, c’est beau, c’est très bon. Le premier mot de l’homme pour Dieu, c’est : Merci ! Tu es merveilleux ! Amen ! Alléluia ! Tout se passe comme si Dieu demeurait en chacun et chacun demeurait en Dieu, comme le Père demeure en Jésus et Jésus demeure en son Père ; Tout se passe comme si chacun, dans sa langue, pouvait dire à Dieu « Papa », « Abba » et comme si je pouvais rencontrer chacun en lui disant : « tu es mon frère ! tu es ma sœur ! » et trouver les gestes de cette fraternité.

L’Esprit Saint, dans les textes d’aujourd’hui, c’est une histoire de conduite : « Marchez sous la conduite de l’Esprit » « Laissez-vous conduire par l’Esprit ! » Apprendre à conduire comme apprendre à marcher suppose un désir fort d’être debout, libre, de lâcher la main de son père en sachant qu’on sera accueilli à bras ouverts par sa maman ou inversement : c’est alors une jubilation : les premiers pas sont une victoire sur la peur, une croissance dans la confiance en soi et en ses parents, le commencement d’une nouvelle vie. Si on relit l’histoire de nos premières fois en patin à roulettes ou en trottinette, à vélo ou en voiture, on voit bien que la confiance et le savoir-faire jouent, mais aussi l’intériorisation d’une loi à respecter, d’un code de la route, d’une nécessité de limiter sa liberté pour que tous puissent se sentir en confiance. Paul, dans sa lettre aux Galates avec toute la culture grecque, parle d’un « affrontement qui vous empêche de faire tout ce que vous voudriez. Je vous propose de choisir une des 17 convoitises nommées pour demander à l’Esprit Saint de nous « laisser entrer en tentation » et de choisir aussi un des 9 fruits de l’Esprit à développer et à faire croître. Cela peut paraître trop simple ou trop moralisateur, mais ce matin l’Esprit veut nous conduire pour nous faire renaître à une vie nouvelle.

Si nous ne comprenons pas bien ou que nous ne pouvons pas porter ce combat nécessaire, Jésus se propose de nous envoyer « l’Esprit de vérité qui nous conduira à la vérité toute entière.», un Défenseur qui nous permettra d’entrer dans ce combat et de témoigner que nous sommes des créatures nouvelles recevant tout de Dieu, recevant tout du Christ, nous recevant les uns les autres comme des frères et sœurs que le Père nous donne. Amen.