« Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit »
(Jean 15, 1-8)
- « Moi je suis la vigne et mon Père est le vigneron »
Le vigneron travaille toute l’année, chaque jour. Il taille pour donner une forme : les sarments trop bas, qui touchent presque la terre, il les coupe pour ne pas pourrir dans la terre, laisser de l’air circuler. Il choisit des sarments qui sont bien sur le haut du cep pour étendre leurs bras et porter de beaux fruits. Le vigneron passe régulièrement dans sa vigne pour voir comment cela pousse, enlève les feuilles qui empêchent le soleil de passer, voit les bourgeons pousser, sent les fleurs qui ont un parfum très délicat ; le vigneron regarde la météo pour voir si le froid gèle ce qui est en train de pousser, si la grêle casse les sarments les plus fragiles, guette les lys qui fleurissent et qui indiquent que les vendanges pourront commencer dans 100 jours… Le vigneron est un vrai père qui prend soin chaque jour de sa vigne. Dieu prend soin de son Fils chaque jour, se réjouit de le voir grandir, prendre de la hauteur, il entend les questions que son Fils pose, essaie de lui répondre en demandant de la patience parce que c’est encore la saison des fleurs et pas encore la saison des fruits ; il fait sentir comment la sève monte en soi, comment nos hormones nous transforment, nous font grandir, nous donnent beaucoup d’énergie et nous épuisent aussi. Le vigneron rassure son fils Jésus en lui donnant des limites (« Ton père et moi, tout angoissés nous te cherchions » à 12 ans au pèlerinage à Jérusalem) ; le vigneron montre que Jésus grandit en sagesse et en âge pour pouvoir porter du fruit, et il lui apprend à aimer. Au fond, quand Jésus nous dit « je suis la vigne et mon Père est le vigneron », il veut nous indiquer combien il est aimé d’un amour inconditionnel par son Père et que rien ne peut le séparer de l’amour de son Père. Il est le fils qui rend Dieu Père. Dieu est le Père qui découvre comment son Fils Jésus lui apprend la joie d’être un Père aimant, confiant, espérant. Nous pouvons comprendre comment Dieu veut être aussi pour nous ce Père qui prend soin de nous chaque jour de notre vie.
. - « Moi je suis la vigne et vous les sarments. »
Il s’agit de regarder maintenant le lien que nous avons avec Jésus puisqu’il est le cep de vigne et que nous sommes ses sarments. Comme un tronc d’arbre qui a des branches, qui perd ses feuilles pendant l’hiver, qui est taillé pour que les branches fassent de l’ombre pour ceux qui viennent s’asseoir sur les bancs. Au printemps, les fleurs s’épanouissent, les feuilles poussent et déjà on voit si des fruits vont pouvoir se former. Il s’agit pour les branches de bien rester fixées sur le tronc, les sarments sur le cep de vigne. Malgré la pluie, le froid ou la chaleur, on peut se réjouir de voir que les branches sont bien fixées sur le tronc et que la sève intérieure permet l’éclosion de fruits. Si la tempête arrache des branches ou des sarments, on est obligé de les ramasser par terre, et on va les brûler ou les recycler pour en faire du papier ou du bois de chauffage. Mais si je suis bien attaché au tronc d’arbre, si je suis les sarments qui demeurent sur le cep de vigne, alors je suis sûr que je vais porter du fruit. Je crois alors et je comprends que Jésus me donne sa sève, son énergie, sa puissance d’aimer pour porter du fruit. Je suis sûr que je vais pouvoir jubiler, m’émerveiller, découvrir les grappes de raisin qui sont en train de grandir sur mes branches, attendre avec impatience la chaleur de l’été pour mûrir et trouver ma vraie couleur, me défendre contre les oiseaux du ciel qui veulent tout dévorer alors que je veux que ce soit les hommes qui viennent déguster mes grains de raisins si juteux. Au fond, quand Jésus nous dit « Je suis la vigne et vous êtes les sarments », il veut nous confier son secret : si nous sommes attachés à lui, si nous demeurons branchés sur lui, nous pourrons porter un fruit de qualité qui va être partagé par les hommes. Nous pourrons aimer comme lui et partager nos beaux fruits avec nos amis, notre famille, et même le pauvre que je croise et qui a faim.
Aujourd’hui avec cette image de la vigne, du vigneron et des sarments que nous sommes, nous sommes heureux de comprendre que nous ne grandissons pas pour rien, mais pour donner des fruits de qualité, à partager, à manger et à boire ; nous sommes faits pour offrir nos meilleurs fruits à Dieu au moment de l’offrande, à recevoir la bénédiction de Dieu si nous ne pouvons encore manger le corps et boire le sang de Jésus. Nous sommes créés pour aimer comme Jésus, c’est cela qui nous rend lumineux comme lui. Amen.