Samedi 8 juillet 2023.
Je sors de la salle du transept nord (où se trouvent les containers) et je vois de l’autre côté du transept un homme qui tire un des rideaux blancs pour regarder derrière…
Ils sont deux… Je les trouve un peu plein de curiosité alors je me précipite pour les rejoindre et alors qu’ils commencent déjà à partir, je les interpelle et je leur dis : “Vous avez bien raison de vouloir regarder de ce côté… parce que même s’il en manque une partie, il y a derrière le rideau un vitrail que j’aime beaucoup. Un vitrail qui représente le baptême du Christ…” et nous passons alors tous les trois ensemble de l’autre côté des rideaux blancs.
Immédiatement, l’homme mentionne le nom de Jean Baptiste… Et puis, il regarde aussi le vitrail central et me demande des informations. Je ne sais rien de ce vitrail, je le dis à l’homme, et puis j’ajoute que ce doit être un évêque parce que je lui reconnais les attributs d’un évêque, lui de me répondre qu’il se demande si Jésus n’est pas représenté parce qu’il voit des enfants et que cela lui fait penser à “Laissez venir à moi les petits enfants”… Bon… mon esprit se met en route en mode “Chrétiens intéressés par l’Estrée”… et la conversation peut alors prendre une tournure plus informative et chrétienne.
Très rapidement, je comprends que seul l’homme parle correctement le français. Un français impeccable. Il est jeune… sans doute la trentaine… et il est accompagné de sa mère que je pense septuagénaire. Elle comprend tout mais ne dit pas beaucoup de mots en Français. Elle s’exprime naturellement en arabe.
Dans la conversation, le nom de l’Estrée est évoqué… mais d’une façon sensiblement différente de d’habitude.
Lui – L’Estrée… Qu’est-ce que ça veut dire ?
Moi – On dit que cela vient du terme la Strata… mais en fait, on ne sait pas vraiment.
Lui – Je me demande si ça ne veut pas dire Jésus tout simplement… Parce que “l’Estrée”, ça veut dire “Être”… et “être” est “le Verbe”.
(Je ne sais plus ce que j’ai exactement répondu… si ce n’est que je n’avais jamais rien lu en ce sens mais que sa manière de voir était bien intéressante…)
Nous avons discuté une bonne vingtaine de minutes et ils sont ensuite partis vers la Basilique.
Beaucoup de sujets ont été abordés… L’église est-elle vide ou remplie lors des messes ? Comment est la ville de Saint-Denis (en raison des clichés) ? Est-ce qu’il y a du racisme ? Les gens vivent-ils ensemble (comprendre est-ce que les communautés se mélangent ou pas) ? … Et tellement d’autres sujets !
A mon invitation, ils acceptent d’écrire une traduction de “Aimer comme Jésus” pour le panneau. Ce n’est pas une traduction littérale parce qu’ils m’ont expliqué qu’en arabe, l’infinitif n’existe pas… Alors la maman, d’une très jolie écriture, a normalement écrit “Aimez-vous les uns les autres comme il nous a aimé”. (Le papier est reconnaissable parce j’ai écrit dessus “Arabe littéraire”).
C’étaient juste deux syriens, je ne sais rien de plus…
Ils m’ont laissé comme un goût du Christ et de Marie… Lui parlant avec des mots souvent directement sortis des Écritures, un regard prenant et doux… et elle écoutant, acquiesçant et suivant son fils. Ils parlaient avec douceur et entre eux dans une langue qui me restera à jamais inaccessible.
Et, juste avant de partir, ils m’ont dit retenir de revenir à la période de Noël pour voir l’église décorée.
C’était une douce rencontre.
.