par Journée mondiale des pauvres
« Ne détourne ton visage d’aucun pauvre » (Tb 4, 7)
« Tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup » (Mt 25, 14-30)
Ces jours-ci un film est sorti sur la vie de l’abbé Pierre, populaire en France, mais aussi à l’étranger, le prêtre n’aura de cesse d’être une « voix des sans-voix », des petits. Il a eu plusieurs vies et toute sa vie il a mis au service tous ces « talents » de communiquant, son charisme au service des plus pauvres et de l’accès au logement pour tous.
Dans l’Évangile de ce dimanche, il est aussi question de talents. Ainsi, le bien, le talent, dans l’Évangile est une unité monétaire, qui m’est confié, celui qui a reçu un talent si on fait la conversion pour notre époque reçoit l’équivalent de 19 années de travail. Ce n’est pas rien ! Les serviteurs eux, à qui il a donné cinq et deux talents viennent le voir, les poches pleines : ils ont fait fructifier leurs talents, et se mettent aussitôt au service du Seigneur : ils ont même doublé la somme qui leur avait été remise. Le maître les félicite et les récompense : “Je t’en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton maître.”
Dieu ainsi nous confie des talents en fonction de nos capacités. Même s’il est vrai que notre seigneur ne donne pas les mêmes talents à chacun : il ne cherche pas à nous comparer les uns et les autres. Il nous demande simplement que nous fassions de notre mieux avec ce qu’il nous a donné.
Lorsque le troisième serviteur arrive pour rendre compte à son maître. il commence à se défendre : “Seigneur, je savais que tu es un homme dur, tu moissonnes là où tu n’as pas semé.” Il lui rend le talent qui lui avait été donné : “voici, prends ce qui est à toi” sans le faire fructifier. Le serviteur croyait bien connaître son maître et il a visiblement eu peur. Il n’a donc pris aucun risque. Il a fait un trou dans la terre et il a enfoui le talent que le maître lui avait confié, et, plutôt que de prendre des risques, d’échouer, il n’a rien tenté. Au final, celui qui a reçu ce talent qui ne le fait pas fructifier, est en train de s’appauvrir. Il rentre dans une spirale infernale de doute : de manque de confiance qui le conduit à se replier sur lui-même, à se recroqueviller. Ici, le Seigneur ne cherche pas à nous faire peur : il n’est pas dur. Il recherche des serviteurs justes qui prennent des risques, et avec ceux là il partage sa joie. L’important n’est pas la quantité gagnée, mais la façon dont on a fait fructifier ses talents. Et moi au service de qui j’utilise mes talents : pour quoi faire ? Chacun d’entre nous à ses propres talents qui sont uniques : comment les mettre au service des plus pauvres, en écoutant la voix du Seigneur ?
Premièrement, en essayant de partager avec les migrants, les victimes de la violence, des abus (en particulier les femmes), du racisme, les personnes dépendantes, les minorités, les personnes âgées abandonnées, les travailleurs exploités, tous ceux qui sont isolés de la société. Tous nous avons la mission d’être à l’écoute de ces minorités en utilisant toutes nos capacités, notre force d’amour. Dans notre Eglise c’est notre présence humble et attentive auprès des plus pauvres : avec la communauté San Alberto, les maraudes et les petits déjeuners le samedi matin, c’est le service évangélique des malades qui est présent auprès des personnes dépendantes souvent hospitalisés, la banque alimentaire… C’est avec la force de l’amour que nous prendrons pleinement en compte la dignité de la personne » 1, en prenant le temps de respecter les plus démunis, de les écouter, de leur faire confiance, en étant plus solidaire. Cette force de l’amour nous la cherchons auprès de notre Seigneur dans la prière, la lecture de la parole. Plus on s’enracine, en effet dans l’Évangile plus on la comprend, plus on tend les mains vers les plus démunis et plus on reçoit de la joie.
Être proche des plus démunis, c’est parfois aussi faire des choix et se rendre compte que tout n’est pas possible, on devient alors conscient de nos limites : savoir réorienter les personnes que nous accueillons vers des associations compétentes, ne pas s’engager seul dans des projets démesurés. C’est accepter aussi que le Seigneur prenne toute sa place : que tout ne vient pas de nous, lui faire confiance et espérer, dans la prière quotidienne. Comme nous le partage saint Paul dans sa première lettre aux Thessaloniciens, de ce dimanche, c’est parce qu’il sait que le Seigneur vient que le chrétien est dans la lumière : le chrétien se souvient qu’il a été sauvé et que le Christ vient. En conclusion, que cette 7e Journée Mondiale des Pauvres, nous invite à méditer cette phrase du pape François : « Lorsque nous sommes devant un pauvre, nous ne pouvons pas détourner le regard, parce que nous nous empêcherions de rencontrer le visage du Seigneur Jésus ».
AMEN
- XVIe assemblée générale ordinaire du synode des évêques, première session, octobre 2023 ↩︎
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