14 sept. – Fête de la Croix Glorieuse

.#14 DÉFI QUOTIDIEN. Temps pour la Création 2025

Introduction – Pour ce Temps pour la Création et comme une histoire dans laquelle l’invisible se fait visible. Pour ce 14 septembre nommé jour de fête de la Croix Glorieuse, voici le fruit de ma prière de ce jour. Comme un conte, il raconte mes douleurs sans nommer celle qui me brûle en ce moment. Comme chaque chose que j’écris, j’y mets un bout de moi. Merci de le recevoir ainsi… délicatement… avec toute la bienveillance et la discrétion dont j’ai besoin.

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Le Gardien des Blessures

Dans la vallée oubliée des hommes, il y avait un arbre si vieux que même les étoiles en avaient perdu le compte de ses saisons. Par son écorce abîmée qui portait les traces de toutes les souffrances que la vie lui avait confiées, il était nommé “le Gardien des Blessures” par ceux qui habitaient là. À cet endroit de la terre, chaque hiver, les tempêtes étaient si violentes qu’elles lui en arrachaient des branches. Et chaque été, à la période des orages, la foudre marquait son tronc de nouveaux sillons. Les hommes venaient aussi parfois graver leurs noms dans son écorce, les animaux y aiguiser leurs griffes. Les ans creusaient des rides dans son bois. Et pourtant… l’arbre continuait de croître, toujours plus majestueux et grand gardien patient de chaque douleur reçue.

Un jour, une petite fille du nom de Nura découvrit l’arbre lors d’une promenade. Elle était triste, car depuis qu’elle avait été victime d’un accident, les autres enfants se moquaient de la cicatrice qui lui barrait une joue. En voyant cet arbre, à l’écorce si tailladée, elle éclata en sanglots. Et puis, reprenant sa respiration, elle lui dit : “Je te trouve si beau malgré toutes tes blessures.”

Le vent murmura dans les feuilles et Nura crut alors entendre une voix douce : “Petite enfant, mes cicatrices ne sont pas mes ennemies. Elles sont les preuves que j’ai vécu, que j’ai résisté et que j’ai gardé précieusement chaque souffrance pour la transformer en force et en refuge.”
Bien qu’apeurée, Nura s’approcha et caressa l’écorce rugueuse. À sa grande surprise, elle découvrit que chaque cicatrice était habitée : dans une fissure nichait une famille d’écureuils, dans une autre poussait une mousse précieuse qui guérissait les blessures, dans une troisième coulait une sève dorée qui nourrissait les oiseaux malades.
“Tu vois,” continua la voix, “ce que les gens appellent blessures, ce sont des endroits qui sont devenus mes plus grands dons. Chaque coup reçu a créé un refuge, chaque marque a ouvert un passage pour la vie. Je suis devenu gardien de toutes les douleurs, pour qu’aucune ne soit perdue, pour que toutes portent du fruit.”

Les jours suivants, Nura revint souvent voir l’arbre. Elle découvrit que les plus belles fleurs poussaient précisément aux endroits les plus abîmés, que les fruits les plus sucrés naissaient des branches brisées puis ressoudées, que les racines les plus profondes étaient celles qui avaient dû lutter contre la présence de rochers.

La saison suivante, un matin de septembre, Nura arriva en courant, le visage rayonnant. “Gardien des Blessures, je comprends ! Ma cicatrice visible peut devenir belle. Et ma douleur cachée aussi a un sens !”

Avec le temps, Nura devint guérisseuse. Malgré sa cicatrice devenue invisible, elle n’oublia jamais. Cette blessure l’avait rendue sensible envers ceux que les autres regardaient avec gêne ou dédain. Et sa blessure, auparavant visible, lui avait appris à reconnaître les souffrances secrètes, celles que personne d’autre ne percevait. Elle savait exactement où poser ses mains, quels mots prononcer, comment transformer la douleur en espoir (et ce, même quand la blessure ne se voyait pas).

Et puis, bien des années plus tard, devenue une vieille femme sage, Nura plantait des arbres partout où elle passait. Elle choisissait toujours les terrains les plus difficiles : les sols arides, les pentes abruptes, les endroits balayés par les vents. Car elle avait appris le secret du Gardien des Blessures : c’est dans l’épreuve que naît la vraie beauté, c’est dans la blessure gardée et transformée que germe la compassion, c’est dans la croix que se révèle la gloire.
Et quand les gens lui demandaient pourquoi elle plantait des arbres dans ces lieux si hostiles, Nura souriait en se caressant la joue : “Parce que… C’est là qu’ils apprendront à devenir, eux aussi, gardiens des blessures et à donner le meilleur d’eux-mêmes.”

Aujourd’hui encore, dans la vallée oubliée des hommes, le Gardien des Blessures continue de grandir. Et ceux qui savent l’écouter entendent dans le bruissement de ses feuilles la plus belle des promesses : “Toute blessure gardée avec amour peut devenir bénédiction. Toute croix portée avec foi peut devenir glorieuse”.

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