« Tu es Pierre, et je te donnerai les clés du royaume des Cieux »
Jésus Christ selon saint Matthieu 16, 13-19
Pierre et Paul : deux colonnes de l’Église, deux manières de vivre la relation à Jésus, une diversité qui met en route pour recevoir aujourd’hui la Bonne nouvelle de Jésus.
Simon-Pierre, un artisan-pêcheur associé avec les fils de Zébédée, Jacques et Jean, appelé à suivre Jésus. Après plus de deux ans de vie commune, dans un lieu à l’écart, loin des foules, dans la montagne du Golan, propice aux confidences, Jésus ose poser la question qui le taraude : « Pour vous qui suis-je ? » Pierre prend la parole de façon lumineuse, comme si cela lui venait du plus profond de lui : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! » Jésus prend la parole à son tour : « Heureux es-tu, Simon, fils de Yonas : ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux. » Jésus nomme immédiatement l’origine de ce que Simon vient de dire : c’est mon Père qui te l’a soufflé, c’est son souffle qui te l’a inspiré, tu reconnais que je suis le Fils bien-aimé du Père dont les prophètes annonçaient la venue, tu me nommes Christ et je le suis. Alors, dans le même souffle que mon Père me donne, je te change de nom : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église. La puissance de la mort ne l’emportera pas sur elle.» Je te donne aussi une nouvelle mission : « Je te donnerai les clés du Royaume : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux » Autrement dit, il se passe, dans cette scène, une expérience qu’on peut appeler spirituelle, une prise de parole qui bouscule toute notre raison et nos modes de penser rigoureux ; Simon et Jésus se laissent habiter par le même souffle de Dieu pour annoncer qu’un nouvel ordre des choses est mis en place : la mort n’aura jamais le dernier mot, l’amour filial l’emportera toujours sur la haine, le pardon libère de toutes les chaînes de nos esclavages. Le récit des Actes des Apôtres où Pierre est arrêté la veille de Pâque par le roi Hérode Agrippa, mis en prison, attaché de deux chaînes, surveillé par les soldats ; la venue de l’ange comme une lumière qui brille dans la cellule, lui fait vivre une expérience de résurrection comme Jésus : « Lève-toi vite » c’est le mot de la résurrection, il traverse tous le obstacles pour retrouver la liberté ; Pierre reconnait alors : « Je me rends compte maintenant que le Seigneur a envoyé son ange et qu’il m’a arraché aux mains d’Hérode et à tout ce qu’attendait le peuple juif ». Celui qu’il a confessé comme Fils de Dieu à Césarée de Philippe vient de le libérer de la mort et le remettre dans la rue pour poursuivre sa route. Alléluia !
Paul n’a pas rencontré Jésus de son vivant, mais par sa formation biblique rigoureuse, il persécute les juifs qui croient que Jésus est le Messie, le Christ, le Fils de Dieu. Il approuve le meurtre d’Étienne, il est « animé d’une rage meurtrière contre les disciples du Seigneur », il demande au grand prêtre des lettres pour amener de Damas les hommes et les femmes qui suivent le Chemin du Seigneur. Sur le chemin, une lumière venant du ciel l’enveloppe de sa clarté, une voix lui dit : « Je suis Jésus que tu persécutes. Relève-toi et entre dans la ville ». Ananie vient lui imposer les mains et le baptise. Paul est rempli d’Esprit Saint. Il sera un infatigable missionnaire dans tout le bassin oriental de la Méditerranée. Dans la seconde lecture, il est à la fin de sa vie et confesse : « J’ai mené le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi, je n’ai plus qu’à recevoir la couronne de la justice… Le Seigneur me sauvera et me fera entrer dans son Royaume céleste ».
Pierre et Paul, celui qui le premier a confessé la foi et celui qui l’a mise en lumière, Pierre qui constitua l’Église naissante parmi les pauvres d’Israël, et Paul, maître et docteur des nations, l’un et l’autre ont travaillé, par des voies différentes, à rassembler l’unique famille du Christ, ils ont donné leur vie jusqu’au martyr pour témoigner que Jésus est bien le Sauveur du monde. En les priant aujourd’hui dans une même fête, nous construisons cette Église fragile et pauvre, heureuse et confiante. Avec le psaume 33, nous pouvons expérimenter vraiment « Goutez et voyez comme est bon le Seigneur ».
Amen.