Jeudi 29 mai 2025 – Ascension – Homélie du P. Claude Charvet sj

« Tandis qu’il les bénissait, il était emporté au ciel »
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (24, 46-53)

Nous avons donc bien deux récits à visées différentes de l’Ascension : celui de l’évangile de Luc qui insiste sur la solidarité avec tous les hommes et leur accès à Dieu, et celui des Actes qui inaugure la mission universelle des chrétiens dans puissance de l’Esprit Saint…

Regardons d’abord l’évangile de Luc : Jésus donne à ses disciples l’intelligence des Écritures : « Il est écrit que le Christ souffrirait, qu’il ressusciterait d’entre les morts le troisième jour, et que la conversion serait proclamée en son nom, pour le pardon des péchés, à toutes les nations en commençant par Jérusalem. » Autrement dit, Jésus donne à ses disciples d’entrer dans la compréhension filiale de la volonté du Père, leur partageant son intelligence de Fils, celle qui étonnait les docteurs de la Loi de son intervention au Temple à l’âge de 12 ans : « tous ceux qui l’entendaient, s’extasiaient sur son intelligence et sur ses réponses.»  L’Écriture est à lire non pas en scribe ou en exégète, mais en fils… Luc insiste aussi pour que nous soyons témoins de la solidarité de Jésus avec les personnes les plus diverses : les aveugles et les boiteux, Zachée et la veuve de Naïm, les pécheurs et les notables de la ville, mais aussi avec Judas qui le livre, Pierre qui le renie par trois fois, et surtout au sommet de la croix aux personnes qui l’insultent il prie « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font » et au bon larron : « Aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. » Jusqu’au bout nous sommes témoins de la solidarité qu’il vit avec tous les hommes et avec son Père « Père, en tes mains je remets mon esprit. » On voit bien que le passage de Jésus vers son Père ouvre l’accès à Dieu pour chacun de nous, quoique que nous ayons fait ; il donne le pardon à tous les hommes et l’Esprit Saint à chacun pour témoigner comme ses enfants bien-aimés… Il ose un dernier geste avant de se séparer de ses disciples : il les bénit, il dit tout le bien que le Père dit de chacun de nous. Les disciples, séparés de Jésus qui est emporté au ciel, « retournent à Jérusalem en grande joie » : ils ont découvert, avec Jésus, sa proximité et sa bénédiction qui se donnent dans chaque geste de notre existence. Nous resterons toujours les bénis de son Père quand nous sommes proches les uns les autres. Un vrai bonheur !

Le récit des Actes des apôtres a une fonction différente : il est la préparation à une nouvelle étape de l’histoire du salut : il inaugure la mission universelle de l’Église dans la puissance de l’Esprit Saint. On passe du baptême de Jean dans l’eau du Jourdain au baptême dans l’Esprit Saint qui se réalisera au jour de Pentecôte. Pendant les 40 jours que nous venons de vivre depuis Pâques, nous avons été inclus dans cette formation à l’intelligence des Écritures pour comprendre comment Jésus accomplit le Royaume de Dieu ; nous avons partagé l’Eucharistie et prié ensemble. Nous allons faire la neuvaine à l’Esprit Saint pour demander de recevoir les 7 dons du Saint Esprit. « Vous allez recevoir une force quand l’Esprit Saint viendra sur vous ; vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie et jusqu’aux extrémités de la terre… » L’auteur des Actes de Apôtres indique bien un axe de la mission qui va de Jérusalem à Rome, le carrefour de toutes les nations : Rome est le signe de l’universalité de la mission de l’Église encore aujourd’hui. « Quand il s’élève et que la nuée vient le soustraire aux yeux des disciples », Jésus reprend l’enlèvement des grands personnages bibliques dont Moïse et Elie que nous avions vu lors de la Transfiguration. Mais le message de « deux hommes en vêtements blancs » nous remet bien les pieds sur terre et nous oblige à fuir une spiritualisation douteuse : « Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? Ce Jésus enlevé au ciel d’auprès de vous, viendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel. » Autrement dit, la venue du celui qui fut enlevé au ciel est à vivre sur la terre dans le concret de nos vies, dans l’expérience de proximité et d’hospitalité avec chaque personne que nous rencontrons. Mon compagnon le Père Duval a retraduit ce verset de la façon suivante dans la chanson « qu’est-ce que j’ai dans ma p’tite tête à rêver d’un éternel jour de fête, d’un grand ciel que je voudrai voir : « Ton ciel se fera sur terre avec tes bras »

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