« Il commença à les envoyer »
(Évangile de saint Marc, 6, 7-13)
Dans l’évangile de Marc, l’appel des 12 se fait en 2 fois : au chapitre 3, Jésus monte sur la montagne et en appelle Douze pour être avec lui et pour les envoyer prêcher avec pouvoir de chasser les démons. Il les appelle par leur nom. Et pendant trois chapitres, ils sont avec lui : ils l’entendent parler aux foules avec ses petites paraboles mystérieuses qu’ils ne comprennent pas toujours alors il leur explique tout… Ils le suivent : ils montent dans la barque, sont secoués par la tempête, ils le voient guérir à l’étranger le pire des possédés du démon qui devient doux comme un agneau, ils le suivent à Capharnaüm où il guérit la fille du chef de la synagogue et la femme qui a des pertes de sang (que c’est beau de voir des gens qui croient en Jésus) ils le suivent à Nazareth et ils sont étonnés par le manque de foi de ses compatriotes… C’est seulement après l’échec de Jésus à Nazareth qu’il va enfin envoyer les Douze en mission… On dirait que leur formation est terminée, qu’ils en savent assez sur Jésus, que Jésus n’y arrive plus tout seul et qu’il a besoin d’eux pour être en première ligne. Trois caractéristiques de ces missionnaires peuvent être soulignées :
- Ils vont 2 par 2, pour s’épauler, en frères. Déjà les premiers compagnons étaient frères, Simon et André sont frères, Jacques et Jean sont les fils de Zébédée. Mais c’est d’une autre fraternité qu’il s’agit ici, elle n’est plus fondée sur des liens de sang, mais sur un envoi commun. Ce sera une caractéristique de l’Église primitive : quand on est deux, la tentation de se faire le centre et d’accaparer l’autorité reçue est moins grande. Chacun a sa manière de dire la Parole, de poser ses gestes, ce qui laisse intacte la liberté de l’auditeur… Quelle liberté et quelle exigence aussi d’avoir à se référer l’un à l’autre et à ne vivre que de la mission reçue !
. - La sobriété : pas de pain, pas de sac, pas de carte bleue, pas de vêtement de rechange : léger ! 8 kg, pas plus comme pour marcher vers Compostelle… Il est possible encore aujourd’hui de s’appuyer uniquement sur la parole de Celui qui envoie et de trouver en Lui son assurance… Il donne aujourd’hui le pain de chaque jour…
. - L’hospitalité : Compter sur la bonté des gens rencontrés qui offrent l’hospitalité, faire l’expérience de l’accueil qui ne s’impose pas, qui peut être refusé… Des maisons s’ouvriront pour les accueillir où, en échange des paroles qu’ils proclament, leur sera donné la nourriture qui permettra de continuer le chemin. Au fond, il leur est demandé seulement de croire ceci : ce qu’ils annoncent est désiré, attendu et l’accueil sera au rendez-vous, pas toujours, mais suffisamment pour aller de l’avant à 2. La foi au Christ ressuscité est inséparable de ce nouveau réseau de relations que l’hospitalité suscite. Chacun vit une réciprocité de cette mission dans un donner et un recevoir.
« Les Douze partent, ils proclament qu’il faut se convertir, ils expulsent beaucoup de démons, font des onctions d’huile à de nombreux malades et guérissent. » Ça marche. C’est impressionnant !
On pourrait reprendre alors la lettre de Paul aux Ephésiens :
« Béni soit Dieu le Père de notre Seigneur Jésus Christ !
Il nous a bénis et comblés de bénédictions de l’Esprit dans le Christ
Il nous a choisis, dans le Christ, pour être immaculés devant lui dans l’amour.
Il nous a prédestinés pour être des fils adoptifs par Jésus le Christ.
Ainsi l’a voulu sa bonté, la grâce qu’il nous donne dans son Fils bien-aimé.
En Jésus, par son sang, nous avons la rédemption, le pardon de nos fautes. C’est la richesse de la grâce que Dieu a fait déborder jusqu’à nous. Il nous dévoile le mystère de sa volonté… Il a voulu que nous vivions à la louange de sa gloire, nous qui avons espéré dans le Christ. Nous avons reçu la marque de l’Esprit Saint. »
C’est bien cela qui se passe depuis 2000 ans. C’est cela d’abord que nous nous entrainons à voir, à croire, à vivre comme des frères et sœurs. Amen Alléluia !
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