Le magnifique et émouvant Chemin de Croix de Vendredi Saint

Ce vendredi 29 mars 2024, notre église a été le théâtre d’un Chemin de Croix qui a ému aux larmes. Titré “S’est livré jusqu’au bout”, il est le fruit de plusieurs productions artistiques distinctes.

Si John Bosco Noronha sj, auteur de ce Chemin de Croix, accepte que j’en fasse la publication ici, il me demande également d’en signaler les sources de manière très explicite. Merci donc de noter que ces textes sont le résultat d’un travail artistique méritant, tout particulièrement pour les poèmes qui sont ceux écrits et publiés par la communauté du Sappel (https://www.sappel.info/presentation/209/publications). Si vous souhaitez les utiliser dans son entier ou en partie, merci de prendre contact avec leurs auteurs avant toute production.

LA TROUPE

Veronica, Nadir, Pchemeck, John Bosco sj
(avec la participation de nos paroissiennes et paroissiens)

SOURCES / AUTEURS

{\displaystyle \bullet } Grégoire de Nazianze († 390)
“La passion du Christ”, https://sourceschretiennes.org/collection/SC-149

{\displaystyle \bullet } Communauté du Sappel
“Le Livre du Chemin de Croix”, https://www.sappel.info/

{\displaystyle \bullet } John Bosco Noronha sj
“S’est livré jusqu’au bout”, œuvre complète pour Chemin de Croix

(crédit photos : Paroissiennes de l’église)

Perso 1 – Quel est notre chemin de croix ? Nous connaissons tous le chemin de Jésus, son cheminement lent, douloureux et humiliant vers sa crucifixion. C’est pour cela que nous sommes ici.

Perso 2 – Mais pourrions-nous parler du chemin de croix des personnes qui ont cru en lui et l’ont vu écrasé ?

Perso 3 – Le chemin de croix des personnes témoins de sa souffrance.

Perso 4 – Le chemin de croix de sa mère, impuissante face au sacrifice de son fils.

Perso 5 – Et pourrions-nous parler de tous ceux qui ont souffert depuis. Les milliards de personnes qui ont été humiliées, écrasées, sacrifiées aussi.

Perso 6 – Et aujourd’hui ? Ceux qui vivent encore leur chemin de croix. Qui suivent les pas de Jésus – lents, douloureux et humiliants. Qui voient dans sa démarche, leur démarche. Ce chemin est d’eux et pour eux.

Perso 7 – On pourrait parler de chemins de croix au pluriel, tant chacun s’est livré profondément.

Perso 8 – Voici donc les acteurs de notre chemin de croix.

LE CHŒUR – Une foule nocturne surgit dans le tumulte. Je vois dans l’obscurité la plus totale une armée nombreuse qui porte des flambeaux et des glaives sans nombre.

LA MÈRE DE DIEU – Et voici que vers nous maintenant quelqu’un s’avance en pressant le pas. Un messager ; il ne sera pas long, je pense, à dire ce qui s’est passé là-bas pour mon Fils bien-aimé. Il a peut-être quelque chose de nouveau à nous dire.

LE MESSAGER – Le Conseil des scribes et des anciens a résolu de mettre à mort ton Fils aujourd’hui même.

LA MÈRE DE DIEU – Voici que s’accomplit la prophétie que je redoutais depuis longtemps, me consumant en larmes sur l’avenir.

LE CHŒUR – Mais quel débat, quels discours des Juifs le condamnèrent et décidèrent de le mettre à mort ?

LA MÈRE DE DIEU – Je jetterai, j’abandonnerai mon corps, je passerai de vie à trépas. Adieu, C’en est fait de moi. Mais toi, dis-nous de quelle manière on doit faire périr mon Fils. A-t-on résolu de le lapider ou bien de lui arracher la vie par le glaive ?

LE MESSAGER – J’arrivais de la campagne et j’entrais dans la ville. Je voulais m’informer à son sujet. Car j’ai toujours eu de l’admiration pour ton Fils en voyant tous les miracles qu’il accomplissait parmi les hommes. C’est lui d’ailleurs qui m’a ouvert les yeux. Je vois la foule qui se presse en courant vers la hauteur et, à la vue de ce rassemblement, je demande à un citadin : « Qu’y a-t-il d’insolite en ville ? Serait-ce quelque message venu de l’ennemi qui a mis en émoi la cité des Juifs ? ». Il me répondit : « Ne vois-tu pas que ce Jésus s’approche pour affronter la mort ? ».

Tableau de Pilate et Jésus avec un soldat (Nadir, Benoit et Pchemeck)

Je vis alors un spectacle que jamais je n’aurais dû voir. Il était là, triste et silencieux. Les autres, comme des chiens altérés de sang, (390) rodaient autour de lui, haletants. Quand la foule des Juifs fut au complet, le lâche gouverneur tint un double langage en tournant son discours dans tous les sens, sous l’effet de la crainte. II dit enfin son admiration pour ton Fils en constatant son innocence, son calme et la sagesse de toutes ses réponses. 11 reprocha aux Juifs de condamner à mort un innocent qui ne méritait pas le supplice à ses yeux. II dit donc : (Pilate sort de scène et marche dans l’allée, regardant le public) “Qui d’entre vous demande la parole pour dire si Jésus mérite ou non la mort ? N’est-il pas mieux de le libérer plutôt qu’un malfaiteur que j’avais mis en prison comme un assassin ?” Mais ils crièrent d’un seul chœur qu’il fallait crucifier Jésus et libérer le scélérat. Le gouverneur opposa ses raisons, mais ses paroles éloquentes ne persuadèrent pas la foule. Quelqu’un le contre dit en élevant la voix avec une insolence stupide. Pilate le désapprouve. Mais un grand tumulte se fait entendre dans la foule à la langue effrénée ; elle crie qu’il faut mettre à mort ton Fils. Ainsi triomphait ce misérable qui, s’adressant à la multitude, avait exigé pour ton Fils la mort sur la croix. (Pilate fait un geste puis il part avec le soldat) Mais, déjà le jour se lève, les ténèbres se dissipent. On va le faire sortir de la ville pour le trainer au supplice qui lui est réservé et qui doit le faire mourir. Il périra aujourd’hui même.

Désir de bonheur

Il faut protéger du froid
Cette magnifique perle
Je l’ai gardée bien au chaud
lui donnant de ma chaleur
Dans mes bras elle s’est endormie
Mystérieuse tellement jolie
J’en suis ébloui
La promesse est faite
Je l’aimerai toujours

Tableau de Jésus qui porte la croix

LA MÈRE DE DIEU – Crois-tu que le Sauveur du monde puisse mourir.

LE CHŒUR – Avance de quelques pas et tu verras les souffrances de ton Fils. Il court au supplice qui lui est réservé. Tu verras maintenant s’il est vivant ou mort.

LA MÈRE DE DIEU – Hélas, Que vois-je ? Ô Fils de Dieu, Ô mon Fils, tu es la proie des impies et tu y consens. Tu t’es mis dans leur piège et tu t’es livré volontairement à eux, toi, le rédempteur de l’humanité captive. Hélas Hélas! Le spectacle contredit les promesses de l’ange : il est loin de répondre à mes espérances, mon enfant.

LE CHŒUR – Mais il répond aux prophéties. Il a dit qu’il souffrirait entre les mains des impies.

LA MÈRE DE DIEU – Hélas ! Que faire ?

LE CHŒUR – Ma très chère sœur, j’ai peur et de mes yeux ont jailli de chaudes larmes. (480) Suis Jésus à distance et marche en silence. Marche vers l’œuvre impie ; c’est maintenant l’heure du courage. Pour nous, nous te suivrons en tremblant ; car la foule en délire tourne autour de lui et il ne faut pas s’approcher trop près de ces hommes déchaines.

J’ai peur de mourir

Là-haut
Je regardais si je voyais le Seigneur
Je criais je pleurais j’appelais
Qu’il vienne me soutenir
J’ai peur de la mort
J’y pense tous les jours
Ça m’angoisse
Ça me lance dans la poitrine
Je suis toujours là
C’est pas mon heure

Tableau de Jésus par terre.
La troupe dans des positions de regarde.
Des photos ?
Ils partent, l’un après l’autre, laissent Jésus tout seul par terre.

Les épines de la douleur

Ils m’ont oubliée
Mes enfants
Vous croyez que c’est normal
Mon Dieu
Mes enfants
ils m’ont oubliée

Tableau de Jésus et Marie (Nadir et Véronique)

LA MÈRE DE DIEU – Mon fils, mon fils, où vas-tu, mon Fils ? Pourquoi poursuis-tu aussi rapidement ta course ? Y a-t-il de nouveau des noces à Cana ? Est-ce là que tu cours pour changer miraculeusement l’eau en vin ? Te suivrai-je, mon enfant, ou t’attendrai-je encore ? Dis-moi, dis-moi une parole, Verbe divin, Fils du Père, ne passe pas sans rien dire à la servante qui t’a enfanté. Maintenant je veux entendre la voix de ta bouche bien-aimée et te parler, o mon Fils. Souffre, O mon Fils, au nom de ton Père, que je mette les mains sur ton divin corps, que je baise tes pieds et que je t’embrasse. Ah, que faire ? Mon coeur défaille. Ô venez, mes amies, venez, surmontons nos craintes, approchez, entourez-le et parlez-lui, prenez-lui la main droite. Malheureuse, je suis près des larmes et l’effroi me saisit. Hélas, ma perte est consommée, malheureuse. Femmes, depuis que j’ai vu mon Fils le visage défait, je veux mourir, je ne puis plus supporter la vie.

Tendresse d’une mère

Chemin de moi
Souvent
J’ai des angoisses
Mon petit bébé
Je l’ai perdu
Mes petits enfants
Je ne les vois pas souvent
Joie de les voir
Souffrance de le perdre
Dans mon cœur
Souffrance et joie

LA MÈRE DE DIEU – Qui va aider mon fils ? Personne dans cette foule qui se presse, qui se moque, qui crie ? Ne sera-t-il même un garçon, une femme dans son moment de détresse qui va porter son poids ? Il me semble que toute l’humanité a perdu son humanité. Ils ne sont plus des personnes. Juste des visages pleins de haine et d’ignorance. Si seulement j’avais la force de porter sa croix, mais je me sens un poids sur mes épaules, je me sens proche de la mort. Je perds l’espoir. Mon Dieu. Sûrement il y a un cœur parmi cette foule, un cœur qui sent la compassion, qui veut aider mon fils.

Tableau de Jésus avec Simon (Nadir et Pchemeck)

Entre ciel et terre d’un même pas

Chemin de poids
Lourde
Pesant
La vie de tous les jours
À porter

Tableau de Jésus et Véronique (Nadir et Céline)

LE CHŒUR – Regardez cette femme qui approche Jésus. Elle a le courage. Parmi toute la foule c’est elle qui montre la tendresse. Elle voit la douleur de la sainte mère et elle pense à la douleur qu’elle va souffrir comme une mère. Elle voit la souffrance dans les yeux de notre Seigneur et elle pense aux yeux de son enfant, qui n’ont pas encore été ouverts sur ce monde, et animée par la compassion elle s’approche. Elle touche un visage que personne d’autre veut toucher. Un geste simple, mais inoubliable. Surement toutes les anges pour toute l’éternité vont chanter son nom. Véronique, Véronique, Véronique…

Son visage pleure la mort

L’oubli est présent
Vie injuste
Abandonnée
Depuis le plus jeune âgé
La vérité n’est pas faite
Je suis
En larmes
Seule
Avec moi-même

Tableau de Jésus par terre. La troupe dans des positions de regarde. Des photos ?

Cloué au sol

Je suis seule
Je suis triste
Souvent
Je prie
Personne ne me parle
Personne ne me regarde
Personne à qui parler
Réveillez-vous
Ne me laissez pas seule
Ne m’abandonnez pas

La troupe part, l’un après l’autre.

Tableau de Jésus tout seul, puis les femmes s’approche de lui.

(Jeanne) Je suis la mariée de Cana
(Véronique) Je suis la belle-mère de Pierre
Je suis la fille de Jaire
Je suis la femme guérie d’une perte du sang
Je suis la Samaritaine au puits, la première évangéliste
Je suis Marie Magdalène, libérée et aimé
Je suis la veuve de Naïm
Je suis la veuve dans le temple.
Je suis Marie, et j’ai donné mes fils
Je suis Salomé, et j’ai donné mes fils
Je suis la femme qui a oingt sa tête, la tête de mon roi
Je suis la femme qui a baisé ses pieds, les pieds de mon sauveur
Je suis Marie, son amie
Je suis Marthe, son amie
Je suis Jeanne et je suis son disciple
Je suis Suzanne et je suis son disciple
Je crois en lui
Je le suis
Je l’aime
(Toutes les femmes ensemble)
Nous sommes les femmes de Jérusalem.
Nous ne l’abandonnerons pas
Nous sommes ici.
(pause)
Nous pleurons.

Il se perd dans la nuit

Fugue des enfants
Et chemin de fer
Je suis rompue
Et mon temps ébréché

Tableau de Jésus à terre.
La troupe dans des positions de regarde.
Deux personnes chuchotent, une personne rit ?
Ils partent, l’un après l’autre.

JÉSUS – Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? Le salut est loin de moi, loin des mots que je rugis.
Mon Dieu, j’appelle tout le jour, et tu ne réponds pas ; même la nuit, je n’ai pas de repos.
Je suis un ver, pas un homme, raillé par les gens, rejeté par le peuple.
Tous ceux qui me voient me bafouent, ils ricanent et hochent la tête :
« Il comptait sur le Seigneur : qu’il le délivre ! Qu’il le sauve, puisqu’il est son ami ! »
C’est toi qui m’as tiré du ventre de ma mère, qui m’a mis en sûreté entre ses bras.
A toi je fus confié dès ma naissance ; dès le ventre de ma mère, tu es mon Dieu.
Ne sois pas loin : l’angoisse est proche, je n’ai personne pour m’aider.
Oui, des chiens me cernent, une bande de vauriens m’entoure. Ils me percent les mains et les pieds ;
Je peux compter tous mes os. Ces gens me voient, ils me regardent.
Ils partagent entre eux mes habits et tirent au sort mon vêtement.
Mais toi, Seigneur, ne sois pas loin : ô ma force, viens vite à mon aide !
Préserve ma vie de l’épée, arrache-moi aux griffes du chien ;
Sauve-moi de la gueule du lion et de la corne des buffles. Tu m’as répondu !

Tableau : bois contre l’autel avec Jésus sur un angle, les bras étendus.

LE MESSAGER – Ton Fils n’est plus pour ainsi dire ; il voit pourtant le jour, mais ce n’est que pour un instant.

LA MÈRE DE DIEU – Que dis-tu ? Quel est ce langage? D’où sais-tu cela ? Allons, dis-moi, explique-moi, quelle mort dis-tu être maintenant celle du Christ, le Fils du Père éternel ? On croyait qu’il ne mourrait point et qu’il sauverait tout le peuple d’Israël.

LE MESSAGER – Quand elle eut quitté la cité de cette terre de Salomon, la foule criminelle qui trainait mon Maitre arriva dans la Cour Pavée ; aussitôt elle le conduisit vers une potence dressée vers le ciel et elle le traina jusqu’au sommet de la montagne. Le bois s’arrêta dans l’air, tout droit. Ils fixèrent immédiatement une branche transversale et ils l’adaptèrent pour y clouer ses mains ; puis ils clouèrent ses pieds dans le bois fiché en terre. Quand ils eurent ainsi crucifié le Seigneur, les uns montés sur un rocher face au gibet le frappaient violemment avec un roseau, les autres remplissaient de vinaigre et de fiel une éponge qu’ils lui mettaient dans la bouche avec l’hysope. Ceux qui n’avaient pu entendre sa voix, ou qui n’avaient pas vu les miracles qu’il avait faits aux yeux des mortels montraient leur trouble. Ils hochaient la tête et ils se frappaient stupidement la poitrine par ignorance. Pour moi qui avais suivi le Seigneur de loin et qui m’étais arrêté dans un vallon boisé, je gardais le silence sans mouvement et sans voix pour voir Jésus sans être vu de la foule impie et scélérate. Mais dès que je t’ai vue debout dans les larmes, je suis venu pour te dire le forfait.

LA MÈRE DE DIEU – Malheureuse que je suis, mon cœur m’abandonne. Comment, comment vivre encore quand il faut entendre de tels discours ? Malheureuse, comment supporter un tel spectacle ? Allez, femmes, filles de Galilée, dites adieu à mon Fils, escortez-le hors de cette terre. Ô venez mes amies, venez, abandonnons nos craintes.

J’ai soif, j’étouffe

J’habite
Trop souvent dans l’absence
Un petit coup de fil
Suffirait
Ah ! Cette angoisse
Du silence
Si je les voyais
Je suis en moi
Comme un noyau creux

Tableau – Marie (par Véronique) au pied de la croix

LA MÈRE DE DIEU – Silence, je veux interroger mon Fils, je le vois près de la mort ; oui je le vois incliner sa tête vénérée, et interrompre sans peine notre brève conversation. Ah ! Que vois-je ? C’est ton corps inanimé que je contemple, mon Fils. Voilà de quoi rester confondue de stupeur. Sa voix puissante vient d’ébranler le sol en criant vers le Père, elle a pénétré la terre entière qui en renvoie l’écho terrifiant ; et c’était pour les témoins un spectacle impossible à voir. Il y a un instant, je voyais encore mon Fils et ses yeux s’ouvraient encore à la lumière. Que t’est-il arrivé ? Comment la mort a-t-elle frappé, mon enfant ? Je veux l’apprendre de ta bouche. Le cœur qui veut tout savoir, même dans le malheur, est pris par son avidité. Hélas ! Hélas ! Tout ce qui arrive est conformé aux prophéties. Hélas ! Que faire ? Le cœur m’abandonne. Femmes, je ne reconnais pas le visage radieux de mon Fils ; il a perdu son éclat et sa beauté extraordinaire. Spectacle terrible ! Je crains de toucher un cadavre. Car le trouble des étoiles, la terre qui tremble et les rochers qui se brisent me servent de leçon. Retirez-vous, retirez-vous, je ne puis plus tourner mes regards vers lui, je suis terrassée par la douleur. J’entends bien que l’épreuve est passagère; mais la douleur est plus forte que l’espoir le plus sûr. Fils du Souverain Roi, comment la mort de nos premiers parents te conduit-elle maintenant aux Enfers ? Tu es parti tout d’un coup, et c’est volontairement que tu as rendu l’âme ; car la mort n’aurait jamais triomphé si tu n’avais pas remis volontairement ton esprit entre les mains du Père. J’ai ouïe, j’ai entendu ta voix qui montait vers le Père. Pourquoi ton Père te bannit-il de cette terre ? Pourquoi a-t-il voulu que tu meures ainsi d’une manière infamante ? Pourquoi abandonner la mère qui t’a enfanté ? Hélas, que je meure avec toi, mon enfant.

Tableau : Un tissu rouge et long est tirée lentement (par Pchemeck) par-dessus Jésus et dans l’allée.

(Pchemeck) Terre de récolte

(Tous ensemble) TOUT EST ACCOMPLI

Tableau : Le tissu est tiré jusqu’à qu’elle soit par terre et révèle le corps de Jésus.
La troupe lève le corps de Jésus puis ils le déposent au milieu de la tisse.
Il est plié dans le tissu.
Marie (Véronique) se met à côté de son fils.

LA MÈRE DE DIEU – Allons mes pauvres mains, recevez ce cadavre. Que vois-je ? Qu’ai-je maintenant dans les bras ? Quel est celui que je vois inanimé dans mes bras ? Comment donc, Ô malheureuse, prendre soin de lui et le serrer contre mon cœur ? Comment exprimer ma douleur ? Puisses-tu me permettre toi-même de te parler comme à un mort et d’embrasser tout ton corps, Ô mon Fils. Adieu ! C’est maintenant mon dernier regard et mon dernier discours. Plut au ciel que je ne t’eusse jamais enfanté pour te voir mort à cette heure, assassiné par les impies. Donne-moi ta main droite à baiser. Ô main très chère, que j’ai souvent tenue dans la mienne, à laquelle je m’attachais comme le lierre aux branches du chêne. Ô regard aimé, ô bouche bien-aimée, ô figure et noble visage de mon Fils ! Ô baiser très doux, ô corps divin, ô souffle très suave de mon Fils ! Ô parfum à l’arôme divin, dans mes malheurs je t’ai reconnu et mon cœur a été soulagé. Comment de cette bouche muette, de ces yeux clos recevrai-je une consolation ? Comment ferai-je pour te survivre ? Ô suave odeur de ton corps ! Est-ce donc en vain que mon sein t’a nourri dans les langes, mon enfant ? Est-ce en vain que j’étais à la peine et que je m’épuisais dans les tourments depuis les tout premiers instants de ta naissance miraculeuse ? Mais que de souffrances pendant ta vie, que de peines depuis ta descente aux Enfers, Fils du Tout-Puissant, tu as donné à mon cœur !

Longue nuit

Chemin
De froid
Pays où des enfants ont peur
C’est l’hiver

Tableau : Le corps de Jésus est levé par la troupe. Ils sortent.

Chant de Kaddish pendant

Pendant ce poème Marie se lève et prendre le tissu blanc.
Elle forme un enfant et puis elle regarde vers la direction de Jésus.

Cœur confiant

Chemin d’émoi
ce tout petit enfant
que je tiens dans mes bras