« Jésus fut tenté par Satan, et les anges le servaient » (Mc 1, 12-15)
Pour commencer notre marche vers Pâques avec Jésus, nous n’avons que 4 versets à nous mettre sous la dent : Marc sait condenser l’expérience chrétienne avec très peu de mots. Deux parties très différentes sont abordées.
1. L’Esprit pousse Jésus au désert
Il est habité par l’Esprit de Dieu, fils bien aimé du Père, celui avec qui Dieu, comme au temps de Noé, vient faire une alliance pour tous les vivants, mettre un arc en ciel de toutes les couleurs pour dire que jamais la mort et la violence des hommes n’auront le dernier mot. Pendant 40 jours, Jésus affronte Satan et l’Esprit de Dieu l’en fait sortir vainqueur. Rien sur le contenu de la tentation proprement dite (il faut le trouver chez Matthieu et Luc), mais une certitude : il est vainqueur. Deux images en grand contraste le signifient : « Il était avec les bêtes sauvages et les anges le servaient » Les bêtes sauvages évoquent ce qu’il y a de plus violent dans la création. Que Jésus puisse être en leur compagnie manifeste que cette violence est anéantie. Dans le premier testament, c’est le signe de la venue du Messie. Le prophète Isaïe l’évoque magnifiquement : « Un rameau sortira de la souche de Jessé… Sur lui reposera l’Esprit du Seigneur… Le veau et le lionceau seront nourris ensemble, un petit garçon les conduira… Le nourrisson s’amusera sur le nid du cobra… car le pays sera rempli de la connaissance du Seigneur… »(Is 11, 1…9) À la basilique-cathédrale, sur le vitrail de l’arbre de Jessé, Jésus apparait avec 7 colombes, pour marquer sa victoire sur les forces du mal. « Et les anges le servaient » Au désert, le peuple de Dieu a passé 40 ans dans la tentation et le don des 10 commandements ; Jésus, en passant 40 jours au désert, reçoit l’univers de Dieu, les anges, qui se mettent à son service. En étant vainqueur de la tentation, Jésus, dans une non-violence absolue, atteste qu’il est le Fils du Père ; il vient ouvrir un chemin de vie pour tous les baptisés qui reçoivent l’Esprit Saint. On pourrait dire que ce temps au désert, ces 40 jours qui viennent, peuvent devenir le temps où l’Esprit Saint vient parler à notre cœur pour mieux comprendre les ruses des tentations que Satan met sur notre route et la clairvoyance pour ne pas y tomber. Mais aussi éclairer le bien que nous désirons faire et la force paisible pour l’accomplir…
1. Après l’arrestation de Jean, Jésus partit pour la Galilée pour proclamer l’Évangile de Dieu
Il y a une rupture dans le récit, un évènement historique oblige Jésus à passer en première ligne : Jean Baptiste qui dénonçait la vie dissolue d’Hérode et annonçait la venue de Jésus, est arrêté par Hérode ; Jésus sort de l’ombre de Nazareth, s’expose en pleine lumière, commence sa vie publique. Ce qu’il a vécu à son baptême, « Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi je trouve ma joie », Jésus va le proposer à toute personne qu’il rencontre et qui veut s’ouvrir à cette filiation. Noé, en sortant de son arche, repartait avec 8 personnes et leur descendance, pour vivre de l’alliance de Dieu avec l’humanité. Jésus part sur les routes de Galilée des nations pour proclamer l’Évangile de Dieu : « Les temps sont accomplis, le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. » Comme Jean Baptiste, Jésus appelle à la conversion, mais pas d’abord en vue des péchés, mais en vue de la filiation : « Si tu veux être vraiment comme moi, le fils bien-aimé, la fille bien-aimée de Dieu, c’est aujourd’hui que tu peux le vivre ! Descends en toi-même, découvre combien ton baptême te fait déjà vivre de cette vie filiale : hier j’ai baptisé Madeleine, 6 mois, en la marquant avec le Saint Chrême, elle est devenue prêtre pour faire monter vers Dieu sa prière pour notre terre et tous les hommes qui y vivent, prophète pour qu’elle annonce avec ses mots personnels qu’elle est aimée de Dieu, roi pour pouvoir servir ses frères et sœurs dans la solidarité. Hier encore, à l’Estrée à 18 h et à aujourd’hui à 10 h à la basilique, autour de notre évêque, 165 catéchumènes adultes de notre diocèse ont répondu à l’appel décisif de se faire baptiser à Pâques dans leur paroisse… Nous les accompagnerons pendant ces 40 jours et nous les entourerons à la veillée pascale le samedi 31 mars… Chacun de nous est invité à vivre de cette vie filiale, à entendre ceux qui demandent le baptême aujourd’hui, qui se sentent aimés de Dieu, choisis par Dieu, habités par Dieu.
Alors ces 40 jours de Carême, c’est aujourd’hui que je choisis de les vivre en faisant un pas de plus dans la prière, le partage et la frugalité de la vie ; je peux choisir aussi des exercices des JO comme le triathlon (natation, vélo, course à pied) pour me sortir de mon fauteuil, de mes écrans et prendre l’air, je peux tout simplement demander à l’Esprit Saint de venir me brûler intérieurement pour grandir dans la foi, l’espérance et la charité. Amen.
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