par « Cette pauvre veuve a mis plus que tous les autres »
Jésus Christ selon saint Marc 12, 41-44
Attention les yeux ! Il y a à apprendre à voir ! Jésus nous apprend à voir, éduque notre regard pour découvrir que « l’essentiel est invisible pour les yeux, on ne voit bien qu’avec le cœur » comme dit le renard au Petit Prince de Saint Exupéry.
La rencontre d’Elie avec la veuve de Sarepta est très rugueuse comme celle de Jésus avec la Samaritaine : « Donne-moi à boire ! » La veuve va remplir sa cruche et le désaltère. « Donne-moi à manger ! » C’est trop pour elle et son fils : « Je n’ai pas de pain ! Seulement une poignée de farine et un peu d’huile ! Nous mangerons et nous mourrons ! » Elle est à bout ! Elle n’en peut plus ! Mais Elie lui dit les mots qui l’ouvrent à l’action de Dieu, ce Dieu qui prend soin des veuves et des orphelins : « N’aie pas peur, va faire ce que tu as dit mais d’abord cuis-moi une petite galette et apporte-la moi, puis tu en feras pour toi et ton fils « Jarre de farine point ne s’épuisera, vase d’huile point ne se videra jusqu’au jour où le Seigneur donnera la pluie pour arroser la terre »
Et c’est ce qui se passe : pendant longtemps, Elie, la veuve et son orphelin de fils eurent à manger : « Et la jarre de farine ne s’épuisa pas, et le vase de farine ne se vida pas, ainsi que le Seigneur l’avait annoncé par l’intermédiaire d’Elie » Dieu aime donner. Il donne la vie à ceux qui lui font confiance en tout, à ceux qui prient chaque jour en vérité : « Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour ! » Dieu aime donner à mains pleines à ceux qui ont si peu pour vivre. Les mendiants que nous croisons nous apprennent aussi à croire que le cœur de l’homme aime donner, sait être généreux…
Pourtant Jésus nous apprend à aller plus loin encore :
« Méfiez-vous ! » de ce qui se voit trop (les “succès” d’un prêtre ou d’un influenceur) de ce qui étincelle (la beauté d’un visage en prière ou d’un visage bien maquillé) ou de ce qui éblouit (l’apparente austérité de la vie d’un prêtre ou d’un religieux). « Méfiez-vous ! » Ce peuvent être des pièges qui nous sont tendus encore aujourd’hui dans les médias ou les réseaux sociaux. ou dans la vie de l’église. Il s’agit pour nous de traverser ces apparences pour aller chercher dans la profondeur du cœur. La profondeur du geste de la pauvre veuve n’échappe pas à Jésus : elle risque tout, donne tout, remet sa vie entre les mains de son Dieu. Ce sera aussi le chemin de Jésus : il va tout donner par amour, et se donner se donner lui-même pour que tous aient la vie. C’est comme si la veuve, qui donne ses deux piécettes de monnaie dans le tronc du temple, lui indiquait le chemin qu’il prend en montant vers sa Passion et sa résurrection : tout donner aux hommes et tout attendre de son Père. « Prendre un tablier comme Jésus, cela peut être aussi grave et solennel que le don de la vie… et vice-versa, donner sa vie peut être aussi simple que de prendre un tablier » Christian de Chergé qui a donné sa vie à Tibhirine en1996 pendant les années noires de l’Algérie entre 1992 et 2002.
Jésus nous conduit à voir autrement, à voir le royaume de Dieu à l’œuvre aujourd’hui : pas dans le superflu (même si cela se chiffre en millions), pas dans ce qui se voit, ou ceux qui se donnent à voir… Voir avec le cœur. Voir l’invisible avec celui qui accueille et qui donne, voir celui qui nous invite au repas des noces de l’Agneau. Reconnaître Jésus qui donne sa vie dans le Corps du Christ et lui dire intimement « Amen ». « Je crois ». Amen.