Dimanche 6 octobre 2024 – 27e dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du P. Claude Charvet sj

« Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ! »
Jésus Christ selon saint Marc 10, 2-16

HOMELIE 6 OCTOBRE 27 DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

Les textes que nous entendons aujourd’hui sont connus depuis notre plus jeune âge mais ils peuvent nous étonner encore aujourd’hui.

  1. « Il n’est pas bon que l’homme soit seul. Je vais lui faire une aide qui lui correspondra » propose le second récit de la Création au chapitre 2 du Livre de la Genèse. Et l’on voit ce travail commun entre Dieu et l’homme. Dans le premier chapitre c’est Dieu qui prononçait 10 paroles « Que la lumière soit » « Nuit », « Jour », « Faisons l’homme à notre image » Ici, Dieu modèle comme le potier tous les animaux de la terre et du ciel, mais c’est l’homme qui donne le nom. C’est un travail commun, la parole d’Adam au travail de Dieu est nécessaire pour que la création trouve son achèvement. Saint François d’Assise que l’on fêtait vendredi avait bien compris cette manière de faire et il a composé d’admirables cantiques de la création.  « Loué sois tu, mon Seigneur, pour sœur notre mère la Terre, qui nous porte et nous nourrit, qui produit la diversité des fruits, avec les fleurs diaprées et les herbes.» C’est bien dans notre fondement d’être humain de pouvoir parler avec les oiseaux du ciel, les animaux de compagnie, les poissons de la mer : ils nous font mettre des mots sur leur patience, leur fidélité, leur tendresse : nous en avons tellement besoin… Ce sont des êtres vivants qui nous comprennent et nous humanisent, mais ce ne sont pas encore des « aides qui nous correspondent ».
  2. « Cette fois-ci, voilà l’os de mes os et la chair de ma chair. On l’appellera femme -isha- elle fut tirée de l’homme -ish. » Voilà enfin la fin de la solitude, le cri de joie et d’émerveillement parce que l’homme a trouvé sa complémentaire, son désir de ne faire plus qu’une seule chair, la nécessité de quitter son père et sa mère pour former un projet nouveau, une unité de vie responsable dans la société. Mais le Synode, qui a commencé cette semaine à Rome sa deuxième session, nous invite à aller plus loin dans notre façon de parler de notre rapport homme-femme : abandonnant le langage classique de la complémentarité, le texte du Synode nous invite « à honorer la différence homme femme donnée par Dieu en vivant dans l’Eglise une réciprocité relationnelle dynamique comme témoignage dans le monde » Il y a nécessité de « mieux valoriser les charismes, la vocation et le rôle des femmes dans tous les domaines de la vie ecclésiale comme étape indispensable pour favoriser cette réciprocité relationnelle… Pour éclairer notre réflexion, nous pouvons nous appuyer sur le témoignage des Saintes Écritures : Dieu a choisi des femmes comme premiers témoins et messagers de la résurrection. En vertu du baptême, elles sont sur un même pied d’égalité, elles reçoivent la même effusion des dons de l’Esprit et sont appelées à servir la mission du Christ. ». L’égalité homme-femme dans l’église se fonde sur le baptême et cela promeut un changement de mentalité et une dynamique de réciprocité relationnelle. Nous avons encore du chemin à faire, à marcher ensemble en synodalité homme-femme pour créer ensemble cette réciprocité relationnelle, dans nos communautés ecclésiales, nos familles, nos vies professionnelles ou associatives. Le chant des baptisés nous le confirme « Je t’ai appelé par ton nom, tu comptes beaucoup à mes yeux, tu es précieux pour moi et je t’aime. »
  3. « Laissez les enfants venir à moi… Amen je vous le dis : celui qui n’accueille pas le Royaume de Dieu à la manière d’un enfant n’y entrera pas. » Non seulement Jésus demande une égalité et une réciprocité entre l’homme et la femme, mais il se fâche, il s’indigne, il s’emporte si dans la communauté familiale ou ecclésiale on exerce un pouvoir arbitraire sur les petits enfants. La raison en est simple : le Royaume des cieux est à ceux qui sont comme ces enfants. Jésus pose des gestes de tendresse et de respect en la bénissant les enfants. Jésus fait descendre sur les enfants l’affection de Dieu lui-même et la rend visible en les embrassant. A nous d’apprendre à aimer comme Jésus ; notre création devient lumineuse quand nous entrons dans cette dynamique de réciprocité homme, femme, enfant. Amen.

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