« Tu as reçu le bonheur, et Lazare, le malheur. Maintenant, lui, il trouve ici la consolation, et toi, la souffrance »
Jésus Christ selon saint Luc 16, 19-31
Les médias savent inventer des journées spéciales sur « les maladies mentales » (c’était mercredi dernier sur France Inter), sur les maladies génétiques (le Téléthon chaque début décembre) ou sur le mois de la Création (septembre jusqu’au 4 octobre, pour la Saint François d’Assise : ce n’est pas fini) pour nous faire entendre « le grand abîme qui a été établi entre les riches et les pauvres » et nous faire découvrir le courage, la force de vie, et même l’autorité des personnes fragilisées dans leur corps ou dans leur tête. La parabole de Lazare et du riche propose un retournement tellement radical entre la vie avant la mort et la vie après la mort, que nous pouvons ne pas entrer dans la transformation toute simple qui nous est proposée aujourd’hui… Regardons de plus près…
- Seul le pauvre est gratifié d’un nom, Lazare, qui veut dire « Dieu aide », signe du prix qu’il a aux yeux de Dieu. Le riche est anonyme, une façon de suggérer qu’en ne faisant qu’un avec sa richesse il s’est déshumanisé. Sur la dalle qui sépare le carré d’immeubles où nous habitons, Raymond, une personne handicapée sur un fauteuil, m’a appelé longtemps « chef » jusqu’à ce que je lui demande de m’appeler par mon prénom et çà change tout. Il connait le prénom de chacun et les retient bien. Cà humanise notre dalle. Par sa présence au soleil ou à l’ombre, lors des fortes chaleurs, Raymond est, comme dans le psaume que nous avons entendu, un signe que « le Seigneur redresse les accablés, protège l’étranger, soutien la veuve et l’orphelin ». Les enfants peuvent jouer au ballon en le respectant, il entre en relation avec chacun, il accepte que l’on pousse son chariot pour aller faire des courses… Il nous rend vivants et son œil est toujours vif quand on se salue en échangeant nos prénoms.
- Le malheur de l’homme riche est de n’avoir jamais considéré la situation de détresse de Lazare, malade (il n’y avait pas d’Aide Médicale de l’État à cette époque), affamé rêvant des miettes qui tombaient de la table du riche mais personne n’entendait son rêve, seuls les chiens le soulageaient en léchant ses ulcères… (Saint François a bien raison d’être l’ami des animaux qui sont fidèles et proches comme Dieu sait l’être pour nous.) Le riche n’a pas de parole de repentir au séjour des morts. Torturé par la soif dans le tourment d’une fournaise, il se comporte encore en tout puissant, demandant à Abraham d’envoyer Lazare le soulager. Le riche continue à vouloir tout diriger, comme un chef qui commande à Abraham et à Lazare. Il ne veut pas comprendre qu’il a reçu le bonheur dans sa vie mais il ne l’a pas partagé. Il demande encore à Abraham d’envoyer Lazare parler aux siens pour leur éviter le même tourment. Mais ses cinq frères nantis ont le cœur trop endurci pour croire en la résurrection des morts et à la façon dont parle Sainte Thérèse de Lisieux. « Je veux passer mon ciel à faire du bien sur la terre »
- Abraham répond alors au riche : « Ils ont Moïse et les prophètes : qu’ils les écoutent ! » Voilà ce que chacun d’entre nous est appelé à vivre aujourd’hui, tout en croyant que ceux qui sont au balcon du paradis désirent passer leur ciel à faire du bien sur la terre. Il nous est proposé :
▪️ de trouver aujourd’hui notre manière « d’entendre Moïse et les prophètes » ;
▪️d’entendre Jésus nous ouvrir les oreilles aujourd’hui au cri du pauvre, du démuni, de l’étranger :
▪️de trouver notre manière propre de partager ce que j’ai et ce que je suis avec des personnes plus démunies…
Ce n’est pas demain que je commence (comme le rêve d’arrêter de fumer ou de restreindre l’usage de mon portable), c’est aujourd’hui. C’est maintenant le Royaume. Amen.