Institution de Peterson Alcius sj, acolyte et lecteur

C’était hier, dimanche 15 juin 2025, jour de la messe des nations, Peterson était institué par le père Remi de Maindreville sj. À ma demande, Peterson accepte que je fasse la publication du magnifique discours qu’il a fait pour nous lors de ce jour de fête.

Chers ami(e)s,

Je voulais juste vous dire quelques mots. Quelques mots simples, mais qui me viennent vraiment du cœur, en ce jour un peu particulier pour moi, où je reçois, au cours de cette messe des nations, l’institution au lectorat et à l’acolytat.

Un geste simple. Mais pour moi, il signifie quelque chose d’essentiel : rester au service, au milieu du peuple de Dieu, dans la prière, la Parole, la liturgie, le service — là où tout prend sens, quand c’est vécu ensemble.

Je remercie d’abord mon supérieur, le père Rémi de Maindreville, pour sa confiance, pour son accompagnement et son infatigable encouragement. Ne cessons de nous encourager les unes, les uns, les autres.

Je remercie aussi le Père Claude et le Père Jean Christophe, qui m’ont accueilli et m’accompagnent dans ce service à la paroisse. Merci pour votre attention, vos conseils, vous qui n’avez jamais cessé de me dire : “Peterson, on ferait mieux comme ça.” Merci de m’avoir aidé et de m’aider encore à grandir. 

Un merci à mes frères de communauté qui m’ont soutenu et qui, parfois, sont venus chanter avec nous : Jérôme, Gabrielius, John Bosco… Merci à Grégoire, à Florian, à Christian et merci à Maréus, Anderly et Coeursaint, des confrères jésuites haïtiens qui sont là avec nous.

Un grand merci à vous toutes et à vous tous ici présents pour votre précieuse partition jouée à cette belle symphonie qu’est l’Église, le Corps du Christ. Demandons sans cesse la grâce pour être des membres solides pour que le corps soit vraiment solide. Je vous demande de prier pour moi.

Et maintenant, je me tourne vers vous, vous, les membres de l’équipe d’animation de chants, avec qui je chemine depuis presque deux ans. À chaque fois que je vous vois, je me dis toujours : quelle richesse humaine. Quelle richesse de foi, de piété populaire. Quelle belle ressource pour l’Église. Quelle école de patience, d’écoute, de confiance. Avec vous, j’ai appris à accueillir les différences, à chercher ensemble la justesse, pas seulement musicale, mais surtout et avant tout la justesse humaine, la justesse relationnelle. De tout cœur, merci.

Dans ce service, il ne s’agit jamais d’être parfait, comme nous nous le disons souvent, mais de se rendre disponibles. Ce que, véritablement, vous êtes. Merci beaucoup pour cela. Et j’ai découvert, à travers nos répétitions, nos animations, nos réunions de planifications parfois joyeuses, parfois un peu chaotiques, ce que veut dire l’unité dans la diversité. C’est une grâce à ne jamais perdre.

Tout simplement vous m’avez appris l’humanité et l’humilité. Cette humanité que l’on retrouve dans l’Évangile de Matthieu 18,15-20, quand Jésus dit à ses disciples : « Si ton frère a commis un péché contre toi, va lui faire des reproches seul à seul. S’il t’écoute, tu as gagné ton frère. S’il ne t’écoute pas, prends, en plus avec toi, une ou deux personnes afin que toute l’affaire soit réglée sur la parole de deux ou trois témoins. » On ne le fait pas pour juger ou condamner, mais en vue d’une réconciliation durable et d’une unité plus profonde dans la diversité, centrée sur Celui qui est UN : le Christ.

C’est une parole avec laquelle j’ai prié hier soir et ce matin, c’est une parole que je garde précieusement :
Prenons-nous donc à part, dans l’amour, la vérité pour clarifier ce qui semble être peu clair, des p’tites histoires qui ont trop duré et qui vous font souffrir.
Ne fuyons pas notre prochain. Approchons-nous les unes, les uns des autres avec joie, avec confiance.
Ne restons pas avec nos impressions en silence. Osons dire, dans un langage miséricordieux, ce que l’on ressent, ce que l’on espère, ce que l’on rêve pour la mission commune, ce qui peut nous aider à être véritablement membre d’un seul corps.

Parce que s’il n’y a pas l’amour, s’il n y a pas l’unité, s’il n y a pas la réconciliation, rien n’est possible. Pas même le plus beau chant, pas même la plus belle liturgie, la plus belle prière adressée à Dieu.

Et avec vous, j’ai aussi appris que cet amour-là, cette unité-là, cette réconciliation-là ne se construit que dans les détails : dans les échanges de dernière minute, de manière spontanée, dans les rires après une répétition, une animation un peu bancale, dans la patience quand tout ne se passe pas comme prévu et à la suite on est capable, d’accepter et nous remettre ensemble au travail… et dans cette force invisible, cette présence consolatrice qu’on sent quand on chante ensemble, non pas pour briller, mais pour porter l’assemblée, pour jouer sa partition à cette belle symphonie, pour rendre grâce au Seigneur.

En todo, amar y servir.
En toute chose, aimer et servir.
Nan tout bagay renmen epi rann sèvis.

Aujourd’hui, dans cette célébration qui unit tant de cultures et de langues, j’entends aussi résonner les mots de Paul : « Il y a diversité de dons, mais c’est le même Esprit ; diversité de services, mais le même Seigneur. » (1 Co 12,4-6).

Merci pour votre confiance, votre accueil, votre patience.
Merci d’avoir fait de moi, petit à petit, un compagnon de route.
Et je rends grâce à Dieu de m’avoir permis de croiser vos cœurs, votre humanité, vos visages, vos voix. 

Merci. De tout cœur.

Peterson Alcius sj,

et avant de faire une publication sans doute plus complète pour la journée de la messe des nations, voici déjà une première sélection de photos de ce moment tout spécial lors de la célébration :

Note par Raymonde –
Peterson Alcius est un jeune jésuite de la communauté Alberto Hurtado (Basilique Centre-ville) à Saint-Denis. C’est déjà sa deuxième année de présence dans notre paroisse. Peterson sj est en charge de la coordination du groupe de l’animation-chants. Et puis, Peterson sj est haïtien alors, nous comprenons que son cœur est d’autant plus meurtri à chaque mauvaise nouvelle qui arrive de là-bas (cf. son billet à propos des assassinats des sœurs Evanette Onezaire et Jeanne Voltaire de la Congrégation Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus.)

Retrouvez aussi ici son billet Jésus, Bon Pasteur (7 min. de lecture)

(Photo d’en-tête d’article : Ghislaine)

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