« Sur les chemins de Saint Jacques de Compostelle », témoignage de Suliac

Les fruits d’un pèlerinage, une expérience transformante unique que je vous partage à travers ce témoignage. Cet été, de Saint-Denis à Poitiers, j’ai suivi les traces du chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle afin de vivre la vie de pèlerin.

Avant de prendre le départ, j’étais animé à la fois par la peur de la solitude et par la crainte de souffrir physiquement. Bien que l’envie d’aventure et de bénéficier de temps pour prier ait été un moteur plus fort pour me lancer cette fois-ci.

Je suis parti de la Basilique de Saint-Denis, à quelques pas de mon lieu d’habitation comme il est coutume de faire pour un pèlerinage en direction de Saint-Jacques-de-Compostelle. Je me suis rendu par la force de mes jambes jusque Poitiers. Cela m’a pris 15 jours avec une distance de marche quotidienne oscillant entre 20 et 40 km environ. J’estime la distance totale parcourue à 450 km pour une moyenne quotidienne de 30 km. À adapter en fonction de l’état de forme de chacun.

Le constat fut rapide, je n’étais pas seul en chemin. En premier lieu, Dieu était présent. J’ai bénéficié d’un espace pour prier pour tous ceux que j’aime, ceux qui souffrent, les personnes avec lesquelles je vis des difficultés ainsi que pour les âmes du purgatoire à travers une neuvaine qui m’avait été remise peu avant mon départ. En second lieu, que ce soient les marcheurs, les pèlerins, les sportifs, les passants et marchands rencontrés au quotidien, tous ont comblé mon besoin de rencontres, d’échanges et de rigolade. Et je dirais même que chacun avait une lumière à m’apporter ; “Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure.” (Évangile selon saint Matthieu chapitre 25, versets 1-13). Lumière à saisir ! Au fur et à mesure de la marche, j’ai senti mon esprit se délier : une ouverture au monde environnant plus grande s’opérait et cela m’a offert de nombreux cœur à cœur. Sans aucun doute, l’Esprit Saint était là !

Parlons maintenant de cette nature, la Création, qui s’est offerte à moi. Ce pèlerinage m’a permis de découvrir de nombreux paysages, de petites bourgades, de belles églises dans lesquelles me ressourcer, prier, poser un genou à terre en hommage à l’histoire de ces lieux, m’inscrivant dans la lignée de ces pèlerins qui jalonnent ces chemins depuis 10 siècles. Notre pays, la France, est beau et la marche permet d’en apprécier les recoins. Que ce soient les points de vue d’un soleil couchant, les odeurs de la lavande en fleurs, le chant fier des coqs ou la caresse d’un vent matinal : tous mes sens étaient en extase au sein de la Création. Il manque d’ailleurs le goût participant lui aussi à la fête des sens avec les nombreux arbres fruitiers jalonnant cette première partie de la route vers Saint-Jacques : figuier, mirabellier, prunier, vigne, mûrier, pommier, pêcher, brugnonier…


Malgré tout, cela demeure bien une épreuve physique. Chargé d’un sac de 11 kg, des douleurs se réveillent. D’abord ce fut l’épaule droite qui se manifesta par le poids du sac durant les 4 premiers jours, puis vint le tour du genou droit sur les jours suivants, cette douleur migra ensuite vers la cheville droite avant de terminer sur la cheville gauche. Je me pose encore la question si tous les membres de mon corps n’essayaient pas de manifester leur présence. Une belle expérience de pleine conscience. Je ne recommande pas les chaussures de sécurité pour faire de la marche.

En somme, la douleur physique était plus intense au début du pèlerinage, le temps nécessaire pour que le corps s’habitue, se forge. Pour ma part une semaine fut nécessaire. Mais elle est importante cette douleur sur ce chemin. En tant que chrétien, la souffrance n’est-elle pas l’objet de notre salut lorsqu’elle est tournée vers Dieu et notre prochain ? « Ma puissance se déploie dans la faiblesse » (2 Corinthiens 12, 9). C’est une occasion de transcender cette douleur, cette faiblesse physique, pour s’ouvrir à l’autre, à la nature environnante et se détacher, en douceur, du confort quotidien et d’accueillir ces sensations. Finalement, à l’image de la vie et de son lot de douleurs qui ne devrait pas nous renfermer sur nous-mêmes mais à l’image du Christ, être remises et abandonnées entre les mains de ce Dieu dont nous sommes aimés afin d’être tournés entièrement et en vérité vers notre prochain. Dans la limite du raisonnable bien sûr… bien que.

Le fait de sortir de sa zone de confort par le corps permet par la même occasion de renforcer l’esprit. C’est l’opportunité d’effectuer un discernement sur sa vie et de poser par la suite des choix nous rapprochant de notre vérité et celle que Dieu a pour nous. Cette marche a mis dans mon esprit de la lumière là où il y avait de l’ombre, de l’amour là où il y avait de la mort, de la paix là où il y avait de la haine. Je me suis amusé à saisir les recoins de négativité et à les confier entre les mains du Seigneur afin que son amour me conduise ou conduise les personnes auxquelles je pensais sur le bon chemin, chemin de la conversion. De plus, cette solitude choisie fut l’occasion de renforcer mon intériorité, au travers des rencontres, des temps de prière, vertu de la marche sur le temps long. Achever une telle aventure apporte une satisfaction et une paix véritable. Pour moi, c’est comme une prise de conscience, par la raison, d’Être au sein de la Création et que l’essentiel est d’Être et non pas d’avoir ou de posséder. Au sens christique.  

De plus, je marchais dans les pas de pèlerins ayant foulé ce chemin il y a plus de dix siècles. Sur le chemin emprunté, j’ai pu reconstituer une partie de l’histoire de Jeanne d’Arc, puiser dans cet exemple transcendant, source intarissable d’inspiration depuis plus de cinq siècles. De nombreuses autres figures de saints ont jalonné ma route et ont marqué ces lieux par leur vie exemplaire. Finalement, un pèlerinage, c’est aussi participer à la communion des saints, puiser de l’inspiration dans leur vie.  

Pour le logement, trois options se sont offertes : d’abord, la belle étoile ou le trekking ; cela nécessite un équipement adapté. Ensuite, il y existe des associations de Saint-Jacques de Compostelle dans chacun des départements traversés. Sur leurs sites Internet sont proposés des haltes jacquaires, équivalent d’une auberge de jeunesse pour pèlerin, ou bien des contacts d’habitants volontaires pour accueillir des pèlerins en contrepartie d’un don. Dans ce dernier cas, le diner et le petit-déjeuner sont généralement prévus et pris avec l’hôte. Cela m’a valu de nombreux cœur à cœur et des témoignages étonnants.

Au début du pélé, vous devrez vous munir du crédenciale du pèlerin qui est un livret dans lequel vous validerez votre passage dans les villes, dans les lieux de gites ou les églises par un tampon. Celui-ci est un prérequis pour accéder aux logements sur le chemin ainsi que d’obtenir la “Compostela” à la cathédrale Saint-Jacques-de-Compostelle, qui est « l’authentification de l’accomplissement du pèlerinage effectué dans une démarche spirituelle ».

Avant de vous lancer dans cette démarche, si vous n’êtes pas un habitué de la marche, je vous recommande d’échanger avec des personnes de votre paroisse ou des anciens scouts, ayant un peu d’expérience en tant que pèlerin. J’ai moi-même bénéficié de précieux conseils.

Mon souhait pour l’année prochaine est de reprendre la route pour rejoindre la ville de Saint-Jean-Pied-de-Port, la dernière étape française, avant d’aborder l’Espagne, la tête à l’Ouest.

En s’inscrivant dans cette tradition millénaire du pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle, ne bénéficions-nous pas des fruits des prières et de l’effort des personnes ayant pris cette route ? Je le crois, je m’inscris dans cette lignée de pèlerins et je vous invite à oser passer le pas.


Quelques photos – Instantanés de mon pèlerinage

.

Prière que j’ai à cœur de partager avec vous
.Prière à Notre Dame de Montligeon.

Notre-Dame Libératrice

Prends en pitié tous nos frères défunts,
Spécialement ceux qui ont le plus besoin
De la miséricorde du Seigneur.

Intercède pour tous ceux qui nous ont quittés
Afin que s’achève en eux
L’œuvre de l’amour qui purifie.

Que notre prière, unie à celle de toute l’Église,
Leur obtienne la joie qui surpasse tout désir
Et apporte ici-bas consolation et réconfort
À nos frères éprouvés ou désemparés.

Mère de l’Église, aide-nous, pèlerins de la terre,
À mieux vivre chaque jour
Notre passage vers la résurrection.

Guéris-nous de toute blessure du cœur et de l’âme.
Fais de nous des témoins de l’Invisible,
Déjà tendus vers les biens que l’œil ne peut voir,
Des apôtres de l’espérance
Semblables aux veilleurs de l’aube.

Refuge des pécheurs et Reine de tous les saints,
Rassemble-nous tous un jour,
Pour la Pâque éternelle,
Dans la communion du Père avec Jésus, le Fils,
Dans l’Esprit Saint, pour les siècles des siècles.

Amen.
.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *