Dimanche 24 août 2025 – 21e dimanche du Temps Ordinaire (année C) – Homélie du P. Claude Charvet sj

« On viendra de l’orient et de l’occident prendre place au festin dans le royaume de Dieu »
Jésus Christ selon saint Luc (13, 22-30)

Jésus monte avec ses disciples à Jérusalem, traverse ville et villages, est attentif aux questions qu’on lui pose, même s’il ne semble pas toujours répondre directement. C’est le cas aujourd’hui et il veut nous apprendre à porter autrement notre angoisse par rapport à l’avenir du christianisme.

C’est vrai que la question posée : « Seigneur, n’y a-t-il que peu de gens qui soient sauvés ? » peut être aussi la nôtre. Quand on voit que depuis le Covid, on baptise encore moins des petits enfants, on se marie moins à l’église, bien des parents retraités portent comme une blessure cette rupture de transmission de la foi chrétienne… Quand on découvre encore cet été des scandales d’abus dans des monastères ou des diocèses, on peut souffrir dans tout le corps de l’église parce que des membres ont commis ou dénié leurs égarements. Quand on entend la radicalisation des opinions dans la vie publique sur tous les sujets (Gaza, les religions, les relations internationales…), les rejets, les insultes, les mépris, on peut se poser des questions sur la pertinence du message de Jésus et de sa capacité à sauver ce monde qui peut paraître si désespérant…

Et pourtant, Jésus ouvre des portes à l’espérance, surtout en cette année où le jubilé de l’Espérance mobilise bien des chrétiens et bien des hommes.

Il propose d’abord à ceux qui sont angoissés par la fragilité du Christianisme, de poursuivre leur chemin, de s’accrocher à la réalité difficile de choisir de faire le bien et de refuser les injustices… Voilà la porte étroite que nous cherchons à atteindre au nom de notre foi, avec la force de l’Esprit Saint que notre baptême nous a donné. C’est un travail quotidien, austère, opiniâtre… Nous ne pouvons pas nous enorgueillir du fait que nous avons été baptisés, que nous avons communié, que nous nous sommes mariés à l’église : cela ne donne aucun privilège si nous ne cherchons pas à faire du bien concrètement… Nous pouvons même recevoir en pleine figure ce reproche que fait Jésus à ceux qui revendiquent d’avoir été au caté, à Taizé ou à Lourdes sans choisir de faire le bien : « Je ne sais pas d’où vous êtes ! Eloigne-vous de moi, vous tous qui commettez l’injustice ». Jésus n’y va pas de main morte, mais il nous réveille pour que nous mettions en pratique aujourd’hui notre façon d’aimer notre prochain comme nous-mêmes.

Il nous invite aussi à lever les yeux sur des réalités très concrètes auxquelles nous pouvons nous joindre en cette fin d’été et début de rentrée scolaire, politique ou sociétale : nous engager à choisir à l’école, au travail, dans un sport ou une activité artistique d’être des acteurs vivants et non des consommateurs passifs. Choisir d’être vivant avec d’autres en prenant des responsabilités, parler avec bienveillance de ceux qui s’engagent, oser rencontrer les nouveaux venus et entrer dans le projet de lutter contre toute forme d’exclusion… Si nous levons les yeux ainsi et que nous retroussons nos manches, nous verrons, comme le dit Jésus, que « du nord et du midi, de l’orient et de l’occident » des hommes et des femmes se lèvent et répondent à l’appel à vivre la justice, à construire la paix, à oser la fraternité et pourquoi pas la sainteté dans leur quotidien. Ils viendront prendre place aussi au festin dans le Royaume, ils seront sauvés, ils vivront la joie de ce repas de noce, des noces de l’agneau de Dieu qu’est Jésus avec toute l’humanité. Amen.

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