Dimanche 13 avril 2025 – Dimanche des Rameaux et de la Passion du Seigneur – Homélie du P. Claude Charvet sj

Il est possible d’entrer dans la dynamique de l’évangéliste Luc en suivant l’apôtre Pierre et le bon larron, comme si nous pouvions être l’un et l’autre…
Pierre est bien au repas de la Pâque juive où Jésus rompt le pain et bénit la coupe en instituant l’Eucharistie : « Ceci est mon Corps donné pour vous… Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang répandu pour vous. » Cette communion à Jésus devient aussi un lieu de division et de querelle : « Qui allait livrer Jésus ? » Jésus rassure d’abord : « Vous avez tenu bon dans les épreuves… Vous mangerez et boirez à ma table dans mon Royaume » Mais il ajoute aussi : « Simon, Simon, voici que Satan vous a réclamé pour vous passer au crible comme le blé. Mais j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas. » Pierre n’aime pas bien cette remarque et affirme avec générosité « Seigneur, avec toi, je suis prêt à aller en prison et à la mort ». Jésus reprend : « Le coq ne chantera pas aujourd’hui avant que toi, par trois fois, tu aies nié me connaître. Il faut que s’accomplisse en moi ce texte de l’Écriture : « Il a été compté avec les impies » Et de fait, Simon Pierre, à l’heure des ténèbres, est accablé de tristesse et dort au Jardin de Gethsémani quand Jésus prie son Père avec insistance pour faire sa volonté, quand il lutte jusqu’aux larmes de sang, quand il est réconforté par un ange… Pierre est à distance à Gethsémani, mais aussi dans la cour du grand prêtre, il se chauffe au feu avec les serviteurs, et par trois fois affirme qu’il n’est pas avec Jésus… C’est alors que Jésus se retourne et pose son regard sur lui. Pierre alors se souvint, il sort et dehors pleure amèrement… Voilà peut être aussi notre itinéraire chaotique, ambivalent et contradictoire. Notre désir de suivre Jésus dérape souvent. Notre foi défaille pour un rien… Le regard de Jésus reste posé sur nous, non pas pour nous condamner, mais pour nous permettre de nous souvenir, de pleurer amèrement, pour nous en remettre à sa miséricorde… Jésus tient sa promesse de prier pour nous et de nous nourrir de son eucharistie…

Celui que l’on appelle le bon larron élargit encore l’expérience de la bonté de Jésus à toute personne, même au dernier moment… Jésus est en croix, au milieu de deux autres crucifiés… Les chefs du peuple le tournent en dérision. Les soldats se moquent de lui. Le mauvais larron l’injurie en posant la question « N’es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même, et nous aussi ! » C’est comme si ces trois groupes d’hommes voulaient en fin de compte « se sauver soi-même » Le bon larron lui fait de vifs reproches comme s’il était incapable de relire ce qu’ils ont fait : « Après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons. Mais lui n’a rien fait de mal. » et il disait « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume. Jésus lui déclare alors « Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. » Le bon larron est reconnu comme disciple de Jésus : avec lui dans la mort, avec lui dans le Paradis… C’est le sommet de l’évangile de Luc. Appeler Jésus par son nom (Dieu sauve) Entendre qu’il pousse un grand cri « Père entre tes mains je remets mon esprit » Croire que rien n’a pu briser le lien filial entre Jésus et son Père. Entendre le centurion romain qui rend gloire à Dieu « Celui-ci était réellement un homme juste ». Quel grand acte de foi venant d’un païen !

Quelle que soit notre culture, quelle que soit notre religion ou notre croyance, il nous est possible aujourd’hui de chanter ensemble « Jésus, remember me when you come into your kingdom » Jésus nous donne sa réponse « Aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis ». Amen.