« Celui d’entre-vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à jeter une pierre »
Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 8, 1-11
Encore un conflit entre Jésus et ses adversaires « scribes et pharisiens » : faut-il respecter la loi de Moïse ? Nouveau piège tendu à Jésus.
Suspense : comment va-t-il s’en sortir ?
Derrière ce débat sur le rapport à la loi de Moïse, ce n’est plus une question de respect du sabbat ou d’interdit alimentaire. C’est une question de vie et de mort ! Selon la réponse de jésus, cette femme va vivre ou mourir. Et il y a aussi un enjeu pour Jésus lui-même : sa réponse pourra être utilisée dans le procès contre lui.
Voyons comment Jésus va réussir à vivre ce conflit : sauver la vie de cette femme sans contredire la loi de Moïse.
Première chose à noter : il ne répond pas tout de suite ; il écrit par terre. Geste mystérieux, qui a fait l’objet de bien des commentateurs, qui se demandent ce qu’il écrit ainsi…
Mais peu importe ! Ce qui compte c’est le temps qu’il prend pour écrire : Jésus prend son temps pour réfléchir. Car il a besoin de trouver une solution !
Par son geste étrange, il attire l’attention sur lui-même et détourne ainsi l’attention des accusateurs : ce n’est plus la femme qui attire leur hostilité.
Retenons, nous aussi, ce conseil sur la conduite à tenir dans des situations de ce genre : ne pas se précipiter, faire baisser la tension, détourner l’attention, pendre le temps de réfléchir…
Puis Jésus trouve cette phrase géniale : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre ». Géniale, car elle lui permet de sortir du piège : il n’y a pas à choisir entre la loi de Moïse et le respect de la vie. Il y a la loi, certes, mais toute loi a besoin de quelqu’un pour la mettre en œuvre. La loi veut que l’on lapide : mais qui a le droit de lapider ?
Jésus renvoie chacun à sa conscience : la mort prévue par la loi, il faut des hommes pour l’exécuter. Chacun va se demander : est-ce que moi, j’en ai le droit ? Ne suis-je pas pécheur ? N’ai-je pas une complicité avec l’adultère commis par cette femme (et par l’homme complice, curieusement absent du récit…)
Jésus a touché juste : chacun est invité à examiner sa propre conduite. Ce n’est plus la femme qui est au centre, c’est chacun : ne suis-je pas, moi aussi, un peu coupable du péché que l’on reproche à cette femme ?
La loi n’est pas contestée, mais elle n’a pas d’exécutant : personne ne se sent assez innocent pour la mettre en œuvre.
Jésus est vainqueur. N’ayons pas peur du mot : il y avait un conflit. Par sa parole, Jésus a vaincu les scribes et pharisiens. Il ne sort pas du conflit par la recherche d’un compromis boiteux, du genre “on va lui jeter quelques pierres, puis la laisser aller…” Non, il s’agit bien d’une vraie victoire : la femme est sauvée ; les accusateurs s’en vont.
Alors pourquoi l’histoire n’est-elle pas finie ? C’est qu’il ne suffit pas, dans un conflit, de gagner : il faut faire attention à la manière dont les vaincus sortent du conflit.
Jésus a gagné, mais cette victoire ne sera solide que si personne n’est humilié !
C’est pourquoi Jésus se penche à nouveau pour écrire sur le sol : il ne les regarde plus, il les laisse face à leur propre conscience. S’il avait continué à les toiser du regard, pour voir qui jetterait la première pierre, il n’aurait pas sauvé la vie de cette femme.
Vainqueur du conflit, grâce à la phrase qu’il a trouvée, il veille à ne pas tirer profit de sa victoire… Il laisse aux vaincus la possibilité de se retirer sans être humiliés.
Voilà un bel exemple de « résolution non-violente » des conflits : toujours laisser une porte de sortie honorable à celui qui se sait vaincu… Ne pas l’humilier.
Goûtons, en le prenant pour nous, le mot final de Jésus : « moi non plus je ne te condamne pas »
Accueillons cette bonne nouvelle : notre Dieu n’est pas un Dieu qui condamne. C’est un Dieu qui sauve. Un Dieu qui invite à vivre nos conflits sans violence, en respectant la dignité de tout homme, y compris les ennemis.
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