La disparition d’un être cher est quelque chose de tellement douloureux qu’aujourd’hui, jour où nous célébrons nos défunts, je souhaite écrire quelques mots sur le sujet.
Le déclic pour l’écriture de ce billet arrive avec la lecture d’une prière, celle transmise par une paroissienne sur notre groupe WhatsApp ce matin.
Un Amour m’attend
Ce qui se passera de l’autre côté,
quand tout pour moi aura basculé dans l’éternité,
je ne le sais pas.
Je crois, je crois seulement,
qu’un Amour m’attend.
Je sais pourtant qu’alors il me faudra faire,
pauvre et sans poids, le bilan de moi.
Mais ne pensez pas que je désespère.
Je crois, je crois tellement
qu’un Amour m’attend.
Quand je meurs, ne pleurez pas
C’est un Amour qui me prend.
Si j’ai peur – et pourquoi pas ? –
Rappelez-moi simplement
qu’un Amour m’attend.
Il va m’ouvrir tout entière
à sa joie, à sa lumière.
Oui, Père, je viens à Toi dans le vent,
dont on ne sait ni d’où il vient ni où il va,
vers Ton Amour, Ton Amour qui m’attend.
Mère Alice-Aimé Marin ( 1896-1976)
Je n’ai pas de doute sur le fait d’encore mieux recevoir l’amour du Père lorsque je mourrai. Je n’ai pas de doute qu’une autre chose m’attend à la suite. Je pense bien ne pas être la seule à le croire… Nous sommes bien nombreux à le croire, n’est-ce pas ? Mais alors quoi ? Pourquoi cette page ?
Parce que pleurer un être aimé a du sens
Il aura suffi de trois petits mots pour que cela déclenche un séisme dans mon cœur : “ne pleurez pas” dit cette prière.
Pleurer une personne disparue a du sens pour moi. Si je comprends cette prière, cela dit qu’il ne faut pas pleurer pour la mort d’une personne parce qu’elle va vers l’Amour du Père. Je veux bien l’entendre… mais moi, je me rappelle immédiatement que je pleure parce que je suis douée de sentiments.
Oui, pleurer le décès d’une personne veut dire comme on se sent proche d’elle. Ma première réflexion a été de me dire que pleurer le décès d’une personne, c’est se rappeler qu’elle va nous manquer. Pleurer est alors l’expression d’un cœur qui parle à un autre cœur qui ne l’entend plus. Et cela arrive dans d’autres situations que le décès. Alors, oui, il est bien normal que cela s’exprime par une tristesse que l’on peut voir et ressentir.
Ensuite, pleurer le décès d’une personne qu’on aime, c’est se rappeler que les moments de partage que nous avons eu étaient si forts qu’ils nous ont construits. C’est se rappeler qu’il n’y en aura pas d’autre. Alors, oui, il est bien normal que cela s’exprime par une tristesse que l’on peut voir et ressentir.
Il m’est aussi arrivé de pleurer le décès d’une personne parce que j’ai vu comme les personnes qui lui étaient proches étaient si tristes qu’une en est tombée à genoux sur le sol et ne réussissait pas à se relever. Comment rester de marbre devant une détresse si visible ?
Aujourd’hui, dans l’église
Samedi 2 novembre 2024, je suis à la messe de Commémoration des défunts. L’église n’est pas entièrement allumée. J’ai l’impression que les murs sont comme un peu rapprochés. On s’y sent bien… Je nous trouve nombreux. Les noms des défunts sont égrainés. Un à un. Les vies qui sont parties. Celles de ceux de notre paroisse pendant l’année passée d’abord… et puis toutes celles que les paroissiens ont voulu rendre présentes et porter dans notre communion de prière. Ils sont là, ceux qui ont été aimés de leur vivant. Ceux auxquels nous pensons encore dans leur mort.
Partis cette année :
Mr Laurent Gomis, Mme Odette Blanchet, Mme Jacqueline Leurin, Mr Michel Sopel, Mme Micheline Touzet, Mme Lowei Latt, Mme Denise Zannou, Mr Christian Delcros Meyer, Mr Christian Pers, Mme Nicole Larivière, Mme Monique Fontaine, Mme Paulette Jacquelet, Mr Pierre Pouillot, Mr Alain Meilhac, Mme Monique Sema, Mme Antoinette Martos, Mr Jean Teyssières, Mr Liberato Di Capua, Mme Maria Vaz Lopes, Mr Gérald Metellus, Mme Lucia Lavarra, M. Jacques Abiven, M. Emile Obas, Mme Andrée Parmentier, Mr Jean Leclerc, Mr Serge Bonin, Mme Aurélie Perez, Mme Elizabeth Jallaud.
Et puis…
Je me souviens combien il faut chérir les souvenirs de bonheur que cette relation nous a apporté, accepter que notre cœur puisse souffrir. Nous sommes humains. Alors, que l’amour s’exprime ! Même si cela induit qu’il puisse pleurer. Lorsque la peine sera passée, alors toute la chaleur de nos souvenirs nous réchauffera et nous rappellera comme nous avons eu la chance de les vivre.
Je me souviens aussi que lors de la célébration au décès de ma grand-mère, une tourterelle voletait dans les hauteurs de l’église. Notre petite assemblée n’avait pas pu faire autrement que de la remarquer. Comme mon grand-père était décédé bien des années auparavant, un témoignage à sa vie avait été lu par son fils. La tourterelle était devenue beaucoup plus présente à ce moment-là. La célébration a continué… La tourterelle volait et nous survolait sans trouver la sortie. Et puis, il a été temps d’un dernier hommage, un autre témoignage comme une dernière prière. Un témoignage de petite-fille à la vie de notre grand-mère. Je me souviens encore de ma cousine. Et de nous tous, regardant une deuxième tourterelle venue rejoindre la première à ce moment précis. Comment ne pas y voir un signe ? Celui de la présence de nos aïeuls venus nous rejoindre pour ce dernier adieu.
Je remercie Dieu pour tous les jours que j’ai déjà pu vivre et pour tous les signes d’amour que j’ai reçus. Et si je veux finalement dire qu’au jour de ma mort, il ne faut pas me pleurer, c’est parce que je suis heureuse de tous les moments de bonheur que vous m’aurez offerts. Merci à ceux qui me connaissent et qui m’offrent leur amour, leur amitié et leur tendresse. Vous aussi, vous comptez pour moi.