Samedi soir, nous sommes le 12 octobre 2024. Il est question de veillée avec des reliques de saint Denis, saint Eleuthère, saint Rustique. Je n’aime pas trop sortir le soir mais me laissant tenter par la curiosité, je réponds à l’invitation.
20h25, me voilà dans l’église
Après avoir salué quelques personnes, je me dis qu’il est temps d’aller m’asseoir… prendre un peu de temps avant que cela ne commence. … Mais, comme je suis en retard, il n’en sera rien. Et puis… la vénération de reliques, je ne sais pas ce que c’est, alors je suis le mouvement.
Devant l’autel, une table recouverte d’une nappe d’autel rouge. Les reliques sont posées là, entourées de lumignons. Le cierge pascal est allumé et se trouve à droite d’une représentation de saint Denis (celle du vitrail présent dans notre église).
Je crois que les paroissiens n’ont pas compris qu’il y avait un rendez-vous exceptionnel aujourd’hui. À peine une vingtaine de personnes sont présentes (je nous ai comptés 22 exactement)… à moins que nos paroissiens ne se réservent pour la messe de demain à la Basilique : “Fête de saint Denis” et clôture de l’année Sport et Foi.
Mais revenons à notre soirée : c’est le père Jean-Christophe Helbecque (curé) qui est l’initiateur de ce temps. Alors le voilà, guide de cette soirée.
Introduction
Par ce que nous dit le père Jean-Christophe en introduction, j’apprends que les reliques ne sont pas venues spécialement dans notre église. Non… Elles sont là, dans leur écrin et telles une perle qu’on cache. Elles ne sont jamais exposées. (En tout cas, depuis les quelques années que je suis dans la paroisse, c’est bien la première fois que je les vois). Dans la sacristie, je les ai vues de près, de très près… et leur écrin est particulièrement soigné, elle sont enrichies de délicats bijoux.
Par le père Jean-Christophe, j’apprends aussi que ces reliques ont été offertes à notre paroisse par une paroisse allemande en 1964 (… et je n’en saurai pas plus. J’aurais pourtant apprécié connaître le nom de la ville ou du village).
Cela a duré deux heures. Un brin trop long pour moi… et le temps offert pour être en prière au plus près des reliques pas assez intime. Pas grave… C’était une expérience… Et surtout, cette soirée m’a appris combien je méconnais saint Denis… Dans l’inculture la plus complète, j’ai même eu une terrible mécompréhension par le texte donné à lire par le père Jean-Christophe. Denis l’Aréopagite et Denis de Paris se retrouvent avec leurs vies mêlées par ces lignes… Denis l’Aréopagite est du 1er siècle, il est grec et il côtoie saint Paul. Saint Denis de Paris est du 3e siècle, il est est italien, c’est lui qui donnera son nom à notre ville, premier évêque de Paris. C’est celui-ci qui a été condamné et qui a eu la tête coupée. Deux personnes réunies en un même texte pour une seule vie. Voilà une jolie histoire totalement fausse.
Texte de la LÉGENDE (ou fausse histoire) de la vie des saints Denis, Rustique et Éleuthère, martyrs
Il est essentiel de savoir (et de retenir) que l’histoire relatée ci-dessous par Jacques de Voragine (Légendes Dorées, 1266) est la reprise d’une légende inventée et diffusée largement par un abbé (de Saint-Denis) en 835. La croyance de cette fiction perdura 700 ans.
Pendant la soirée, c’est John Bosco sj qui nous fait la lecture du texte suivant.
SAINTS DENIS RUSTIQUE ET ÉLEUTHÈRE, MARTYRS
I. .Denis l’Aréopagite fut converti à la foi du Christ par l’apôtre saint Paul.. Son surnom d’Aréopagite lui venait du nom d’un faubourg d’Athènes où il demeurait, et qui s’appelait Aréopage, c’est-à-dire faubourg de Mars, parce qu’on y voyait un temple du dieu Mars. Dans ce faubourg, qui était la demeure favorite des savants, .Denis se livrait à l’étude de la philosophie., et on l’appelait aussi le Théosophe, c’est-à-dire l’homme versé dans la science de Dieu. Et il avait avec lui un compagnon d’études nommé Apollophane. Or, le jour de la passion du Christ, la ville d’Athènes, de même que le monde entier, fut soudain remplie d’une épaisse ténèbre ; et les savants d’Athènes ne parvenaient pas à découvrir la cause naturelle de ce fait étrange, tout à fait différent des éclipses ordinaires. Ajoutons, à ce propos, que de nombreux témoignages attestent l’universalité de la soudaine ténèbre qui suivit la mort du Seigneur. Elle fut constatée en Grèce comme à Rome, et dans l’Asie Mineure. Et l’on raconte que Denis, en présence de ce phénomène, aurait dit à ses compatriotes : « Cette nuit nouvelle présage le prochain avènement d’une lumière nouvelle, dont le monde entier sera illuminé. » Sur quoi les Athéniens élevèrent un autel où ils mirent cette inscription : Au Dieu inconnu.
Et lorsque saint Paul vint à Athènes, il vit cet autel et s’écria : « Ce Dieu que vous adorez sans le connaître, je suis venu vous le révéler ! » Puis, s’adressant à Denis comme au plus savant des philosophes, il lui demanda qui était ce Dieu inconnu. Et Denis : « C’est le seul vrai Dieu, mais il se cache à nous et nous est inconnu. » Et saint Paul : « Ce Dieu est celui que je viens vous révéler, celui qui a créé le ciel et la terre, et qui a revêtu la forme humaine, et a subi la mort, et est ressuscité le troisième jour. » Et, comme Denis continuait à discuter avec Paul, un aveugle vint à passer près d’eux. Alors .Denis dit à Paul : « Si, au nom de ton Dieu, tu dis à cet aveugle de recouvrer la vue, et s’il la recouvre, je me convertirai aussitôt à ta foi.. Mais afin que tu ne puisses pas employer de formule magique, je te dicterai moi-même la formule que tu devras employer pour guérir cet aveugle au nom de ton maître Jésus ! » Alors Paul, pour écarter tout soupçon, dit à Denis de prononcer lui-même les paroles qu’il voulait lui dicter, et qui étaient celles-ci : .« Au nom de Jésus-Christ, né d’une vierge, puis crucifié, puis ressuscité des morts et monté au ciel, recouvre la vue ! » Et dès que Denis eut prononcé ces paroles, aussitôt l’aveugle fut guéri de sa cécité. Alors Denis reçut le baptême, avec sa femme Damaris, et toute sa maison. Saint Paul l’instruisit ensuite, pendant trois ans, des vérités de la foi ; et il finit par l’ordonner évêque d’Athènes.. Et Denis, par l’ardeur de sa prédication, convertit à la foi chrétienne sa ville natale, ainsi que la plus grande partie de la région environnante.
Il nous donne à entendre lui-même, dans ses livres, que c’est à lui que saint Paul a révélé ce qu’il a vu lorsque, dans son ravissement, il a été transporté au troisième ciel. Et le fait est que Denis nous a décrit, avec une clarté et une abondance parfaites, la hiérarchie des anges, leurs ordres, dispositions et offices. Il nous parle de tout cela comme si, au lieu de l’avoir appris d’une autre bouche, lui-même avait été ravi au troisième ciel. Et il eut aussi le don de prophétie, ainsi que nous le voyons par la lettre qu’il écrivit à l’évangéliste Jean, exilé dans l’île de Pathmos. Il lui disait, dans cette lettre : « Réjouis-toi, frère bien-aimé, car tu seras délivré de ton exil de Pathmos, et tu retourneras sur la terre d’Asie, et tu y laisseras à ceux qui viendront après toi le souvenir de la façon dont tu auras imité l’exemple du Christ ! » Et il nous apprend aussi, dans son livre sur les noms divins, qu’il fut un de ceux qui assistèrent au dernier sommeil de la sainte Vierge.
Lorsqu’.il apprit que saint Pierre et saint Paul étaient tenus en prison à Rome, sous Néron., il nomma un autre évêque à sa place et se mit en route pour aller voir les deux saints. Et lorsque ceux-ci eurent rendu leurs âmes à Dieu, .le pape Clément envoya Denis en France, lui donnant pour compagnons Rustique et Éleuthère..
.Denis se rendit alors à Paris où il fit de nombreuses conversions, éleva plusieurs églises et ordonna bon nombre de prêtres.. Et telle était la grâce céleste qui brillait en lui que, souvent, comme le peuple s’élançait vers lui pour l’attaquer, à l’instigation des prêtres des idoles, les assaillants sentaient toute leur fureur s’évanouir dès qu’ils se trouvaient en présence de lui. Les uns se prosternaient à ses pieds ; les autres, effrayés, prenaient la fuite. Mais le diable, furieux de voir son culte diminuer de jour en jour ; inspira à l’empereur Domitien la pensée inhumaine d’ordonner que quiconque découvrirait un chrétien serait tenu de le faire sacrifier aux idoles, sous peine d’être lui-même sévèrement puni. Et .un préfet nommé Fescennius. fut envoyé de Rome contre les chrétiens de Paris. Ce préfet, ayant trouvé Denis occupé à prêcher devant le peuple, .ordonna de l’arrêter., de le garrotter avec une grosse corde et de l’amener à son prétoire, .en compagnie des deux saints Rustique et Éleuthère..
Pendant que les trois saints, en présence du préfet, proclamaient courageusement leur foi, arrivait certaine dame noble qui affirma que son mari avait été séduit par les trois imposteurs. Le préfet manda aussitôt ce mari, qui, persévérant dans sa foi, fut mis à mort sur-le-champ. Quant aux trois saints, ils furent flagellés par douze soldats, chargés de chaînes et jetés en prison. Le lendemain, .Denis fut étendu, nu, sur un gril enflammé. Et lui, au milieu de ses souffrances, rendait grâce à Dieu. Il fut ensuite donné en pâture à des bêtes féroces, dont on avait excité la faim par un jeûne prolongé. Mais, au moment où ces animaux s’élançaient sur lui, il fit sur eux le signe de la croix ; et eux, tout de suite, l’entourèrent doucement, comme des agneaux.. Le préfet le fit alors mettre en croix, puis, après l’avoir longtemps torturé, le fit reconduire en prison avec d’autres chrétiens. Et là, pendant que Denis célébrait la messe, Jésus lui apparut, entouré d’une immense lumière, et lui dit, en lui offrant un pain : « Prends ceci, mon fils, en témoignage de la reconnaissance qui t’est due ! » Le lendemain, après d’autres supplices, .les trois saints eurent la tête tranchée à coups de hache, devant l’idole du dieu Mercure. Mais aussitôt le corps de saint Denis se redressa, prit dans ses mains sa tête coupée, et, sous la conduite d’un ange, marcha pendant deux milles, depuis la colline de Montmartre., c’est-à-dire mont des martyrs, jusqu’au lieu où reposent aujourd’hui ses restes par le fait de son propre choix et de la providence divine.
Et aussitôt s’éleva dans ce lieu une musique d’anges si harmonieuse que, parmi la foule de ceux qui l’entendirent, la femme du préfet Lisbius, nommée Laertia, se proclama chrétienne, ce qui lui valut d’être décapitée, et de recevoir ainsi le baptême du sang. Le fils de cette femme, nommé Vibius, après avoir servi à Rome sous trois empereurs, se fit baptiser en revenant à Paris et adopta la vie religieuse.
Les infidèles, craignant que les chrétiens n’ensevelissent .les corps des saints Rustique et Éleuthère., enjoignirent qu’ils fussent jetés dans la Seine. Mais .une femme noble invita à sa table les porteurs des deux corps ; puis, pendant qu’ils mangeaient, elle leur déroba les corps et les fit ensevelir secrètement dans son champ., où ils restèrent jusqu’à ce que, la persécution ayant cessé, on pût les réunir au corps de saint Denis. .Les trois saints subirent le martyre sous le règne de Domitien, en l’an du Seigneur 96. Saint Denis était alors âgé de quatre-vingt-dix ans..
▪️ Extrait de La Légende dorée de Jacques de Voragine (1228-1298)
https://fr.wikisource.org/wiki/La_L%C3%A9gende_dor%C3%A9e/Saints_Denis
De ce temps tout particulier, je retiendrai aussi ce chant
🎶Allez par toute la terre (de Jacques Berthier)
Add-on
15 octobre 2024, j’apprends que cet extrait (de la vie de saint Denis) a une saveur particulière pour qui est jésuite… Ce livre de Jacques de Voragine qui raconte la vie de 150 saints est celui que lisait Ignace de Loyola. C’est ce livre unique qui l’a accompagné dans sa conversion.