« Baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit »
(Jésus Christ selon saint Matthieu 28, 16-20)
La Trinité n’est pas d’abord une manière de nommer Dieu qui pourrait faire croire à un polythéisme, mais c’est une façon de transformer nos images de Dieu pour le rendre proche, avec nous (Emmanuel), comme un Père prend soin de ses enfants et leur transmettant son souffle, sa manière d’aimer de vivre les commandements. Les textes vont nous aider.
C’est Jésus, dans la finale de l’évangile de Matthieu, qui nous demande : « Baptisez-les au nom du Père du Fils et du Saint Esprit et apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé. » Voilà une formule trinitaire qui s’accompagne souvent d’un signe de la croix avec l’eau du baptême ou du bénitier à l’entrée des églises. L’épître aux Romains donne une couleur très nouvelle au baptême : « tous ceux qui se laissent conduire par l’Esprit de Dieu, ceux-là sont fils de Dieu. Vous n’avez pas reçu un esprit qui fait de vous des esclaves et vous ramène à la peur ; mais vous avez reçu un Esprit qui fait de vous des fils. » Quand jeudi dernier, 23 mai, à Saint Denis, nous avons célébré l’anniversaire de l’abolition de l’esclavage de 1848 par une cérémonie civile et une messe pour les victimes de l’esclavage, nous nous inscrivions dans une triple histoire : l’histoire de la libération du peuple juif esclave en Égypte que nous célébrons à chaque Pâque depuis plus de 3000 ans, la révolution française de 1789 et de 1848 qui abolissent l’esclavage avec bien des difficultés et laissent encore des traces dans nos familles et nos pays.
Notre histoire personnelle avec le baptême est un troisième niveau qui apporte une identité filiale puisque, pour nous comme pour Jésus, le ciel s’ouvre et le Père nous déclare : « Tu es mon fils bien-aimé, en toi je trouve ma joie » Nous sommes enfants de Dieu et pas seulement ‘enfant de la Patrie’, et nous pouvons laisser l’Esprit de Jésus appeler Dieu « Abba, Papa ! »
Ce peut être un cri de joie comme dans le Deutéronome : « Depuis le jour où Dieu créa l’homme sur la terre : d’un bout du monde à l’autre, est-il arrivé quelque chose d’aussi grand, a-t-on jamais connu rien de pareil ? » Merci Père créateur ! Ce peut-être un cri de détresse quand la mendiance et le désir de voir fait crier à Bartimée : « Jésus, Fils de David, prends pitié de moi ! » Ce peut être encore une parole confiante comme Jésus devant le tombeau de son ami Lazare : « Père, je te rends grâce car je sais que tu m’exauces toujours ». Le baptême nous fait bien entrer dans cette filiation : le Père apprend à devenir Père en envoyant Jésus vivre jusqu’au bout sa vie de fils de Dieu, né de Marie, adopté par Joseph, pas toujours très bien accueilli à Nazareth et à Jérusalem. Jésus apprend à être fils en recevant de Joseph le métier de charpentier, mais aussi ne se laissant pas tenter par l’argent, le pouvoir de dominer par la force politique ou par la religion des grands prêtres. Jésus apprend à être fils quand « mon âme est triste à en mourir » au jardin de Gethsémani et qu’il a envie de tout lâcher. Mais l’Esprit du Père lui fait dire à Jésus : « non pas ce que je veux, mais ce que tu veux. » Le Père vit sa plus grande souffrance de père quand Jésus sur la croix lui crie le psaume 21 « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? Le père sait entendre la dernière parole de Jésus : « Père, en tes mains je remets mon esprit ». Jésus meurt comme un fils. Alors le Père sait que plus rien ne pourra le séparer de son Fils : il lui répond en faisant son œuvre : Il le ressuscite. Au matin de la résurrection, Jésus pourra dire à Marie de Magdala : « Ne me retiens pas, car je ne suis pas encore monté vers le Père. Va trouver mes frères pour leur dire que je monte vers mon Père et Votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu »
Saint Paul peut alors nous dire ce matin : « Puisque nous sommes enfants de Dieu, nous sommes aussi ses héritiers : héritiers de Dieu, héritiers avec le Christ si du moins nous souffrons avec lui pour être avec lui dans la gloire » Laissons nous conduire par l’Esprit pour accueillir cet héritage. Amen.