Encore une belle parabole pour nous faire grandir la réponse que nous donnons à l’invitation à une noce… A nous de nous positionner au premier ou au deuxième appel.
Ce ne sont pas n’importe quelles noces : rien de moins que les noces du fils du Roi. On peut se rappeler, comme dans la parabole des vignerons homicides lue la semaine dernière, qu’il s’agissait du Fils bien aimé du Père, rejeté par les vignerons, poussé hors de la ville, mis à mort pour avoir l’héritage… Le repas nuptial rappelle le festin dont parle Isaïe dans la première lecture : « un festin de viandes grasses et de vins capiteux, un festin de viandes succulentes et de vins décantés. » Et le roi insiste « J’ai préparé mon banquet, mes bœufs et mes bêtes grasses sont égorgées ; tout est prêt : venez à la noce. » On peut entendre l’invitation qui nous est faite à chaque messe : « Heureux les invités au repas des noces de l’agneau » Ce n’est pas rien, le repas des noces du Fils de Dieu avec l’humanité…Or, les premiers invités ne veulent pas venir, font passer leur intérêt personnel avant l’invitation royale : j’ai mon domaine agricole qui a besoin de moi, j’ai mes relations commerciales qui me mettent en lien avec le monde entier : je suis trop occupé, trop inquiet par ce qui se passe dans le monde…Certains invités, trop perturbés par leurs soucis, vivent l’invitation royale comme une provocation qui déclenche agressivité, maltraitance, crime prémédité… C’est vraiment le monde à l’envers : les lieux de communion, comme peuvent être des noces royales, deviennent des lieux de division, de colère, de violence. Ces invités deviennent « indignes d’une telle invitation » analyse le roi. On pourrait lire l’actualité internationale de cette semaine comme la mise en scène de ce début de la parabole. En plus, nul ne peut dire actuellement jusqu’où les troupes vont riposter aux meurtriers qui ont pris aussi des otages…Nous sommes bien impuissants devant de tels déchaînements. La prière est bien un lieu nécessaire. Le soutien fraternel est nécessaire aussi. Notre devoir de nous informer et de discerner est essentiel. Cela va durer longtemps…
Heureusement, le roi peut revenir de l’ardeur de sa colère et veut inviter au mariage de son fils toute l’humanité. L’évangéliste Luc précise la demande du roi à son serviteur : « Dépêche-toi d’aller sur les places et dans les rues de la ville ; les pauvres, les estropiés, les aveugles et les boiteux amène les ici » et comme il y a encore de la place il ajoute : « Va sur les routes et dans les sentiers, et fais les entrer de force, afin que ma maison soit remplie » (Luc 14, 21-23) Quelle énergie chez ce roi pour étendre ainsi l’invitation à de telles périphéries !
Quel bonheur d’entendre que personne n’est exclu, « les mauvais comme les bons ». L’important, c’est de prendre part au repas des noces, à l’amour de communion de Dieu avec chacun de nous. Voilà la joie du roi, voilà la grandeur du désir de Dieu. Voilà la joie de Dieu. Comme au baptême de son fils bien aimé, il peut dire à chacun : « En toi, je trouve ma joie ».
L’évangéliste Matthieu rajoute un paragraphe plus difficile à comprendre : quand le festin commence, la venue du roi donne une dimension de jugement dernier comme on peut le lire sur le fronton de notre basilique cathédrale et au chapitre 25 de Mt. L’homme qui ne porte pas de vêtement de noce est appelé à s’expliquer « Mon ami, comment es-tu entré ici, sans avoir le vêtement de noce ? » Le vêtement de noce pouvait être un vêtement de cour dont les souverains orientaux pouvaient revêtir leurs courtisans ou invités ; l’église l’a repris en remettant le vêtement blanc du baptême. Le vêtement de noce devient alors le signe que j’accueille le festin comme un don de Dieu, que je trouve des frères pour faire la fête avec eux, que je m’engage à porter des fruits de justice et de paix. Or l’homme « garde le silence » Voilà sa faute : il reste muet, au lieu de dire sa joie d’être au festin, sa confiance au Roi qui l’invite, la fraternité que le repas nuptial crée. Jésus a guéri bien des muets, mais là c’est trop tard : en restant muet, en ne répondant pas au roi, l’homme s’exclut et sera jeté dehors. « Beaucoup sont appelés » mais c’est bien à nous de répondre à l’invitation au festin. C’est à nous de répondre « Amen !» à la bénédiction de Jésus sur notre front ; c’est à nous de répondre « Amen !» quand nous recevons le Corps du Christ et que nous y reconnaissons Jésus qui se donne à nous pour que nous soyons des vivants et que nous aimions comme lui. Amen !