« Heureux les pauvres ! Quel malheur pour vous les riches ! »
(Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 6, 17.20-26)
Il est où le bonheur, il est où ? La chanson de Christophe Maé m’a envahi en écoutant les appels au bonheur qui sont dans tous les textes bibliques d’aujourd’hui. En multipliant les expériences, en faisant mon cirque, en chantant mes plus belles notes, je croyais être heureux…mais les soirs sans amis, les Noëls sans les rires d’enfants, les chaises vides des êtres aimés disparus me font voir que ni la nostalgie ni le chagrin n’ouvrent sur demain, et ne sont source de bonheur.
Jésus prononce 4 malheurs : la richesse, la consommation, le rire de dérision, la bonne réputation. On dirait qu’il veut nous inviter à discerner les fruits qu’ils peuvent porter : l’argent ne fait pas le bonheur, même s’il en faut pour vivre. La consommation sans limite, l’accumulation des choses nous encombre et n’assouvit jamais notre faim de relations vraies et fraternelles. L’humour est un élément indispensable du bonheur, mais quand il ne respecte pas les personnes il va ré-ouvrir des blessures inconsolables. La bonne réputation peut être aussi un piège qui nous enferme sur nous-même et nos followers… Les quatre malheurs que Jésus prononce sont une manière de nous rendre vigilants pour ne pas nous enfermer dans la séduction du « maintenant », des « réseaux sociaux » qui nous font croire qu’ils disent la vérité alors que qu’ils sèment souvent le mensonge et la confusion. Les 4 malheurs sont une invitation, un appel à croire que les tourments, les épreuves que nous rencontrons dans notre vie ordinaire ne sont pas la fin que nous sommes appelés à vivre. Nous pouvons demander la force de l’Esprit Saint pour traverser les obstacles et poursuivre notre marche de pèlerins de l’espérance : c’est le thème de l’année jubilaire.
Jésus prononce aussi 4 bonheurs complètement contradictoires : « heureux les pauvres, heureux ceux qui ont faim, heureux ceux qui pleurent, heureux êtes-vous quand les hommes vous haïssent ». Entendre Jésus répéter ce mot « heureux », le laisser reposer au fond de moi, ne pas me laisser bloquer par la contradiction… La suite peut devenir audible : C’est parce que vous manquez de tout que vous serez consolés. Ne rien avoir et pourtant ne manquer de rien…Faire l’expérience des larmes que quelqu’un perçoit et peut sécher. Les mots de Jésus nous conduisent vers l’essentiel : engager notre être à sa suite, mettre notre espérance en lui, car sans lui nous ne sommes rien. Les 4 béatitudes de Luc sont très concrètes et incisives, elles nous orientent vers la personne de Jésus, et il nous fait passer des larmes à la joie, des abimes de rien au tressaillement des fils et des filles qui sont accueillis dans les bras de leur Père.
Je peux prendre le temps de regarder toutes les épreuves que j’ai traversées avec Jésus : le doute, la faim, les larmes, la calomnie… Avec étonnement et joie, je peux dire : je suis toujours vivant, vivante.
Merci Jésus. Merci Père. Donne-moi la grâce d’aller toujours de l’avant, te louant en toute chose, afin que ma joie ne disparaisse pas. Amen.